•  COHABITATION FRANCO-ARGENTINE / CONVIVENCIA FRANCO-ARGENTINA

    La chatte Bardot, dénommée en l'honneur de Brigitte bien sûr, est le témoin discret de la cohabitation d'un Argentin et d'une Française. Elle dévoile les secrets de la vie culinaire du foyer.

    La gata Bardot, así nombrada en honor a la actriz Brigitte Bardot, es el testigo discreto de la convivencia entre un argentino y una francesa. Nos cuenta los secretos del cotidiano culinario de este hogar.


    [ ... - versión en castellano después de la nota en francés - ... ]



    DE BON MATIN: les croissants et le maté.

    Il entre dans la cuisine, d'un pas nonchalant, traînant les pantoufles, le jogging débraillé, les cheveux ébouriffés. Il remplit la bouilloire, et, d'un geste automatique, racle une allumette pour allumer le gaz. Il est dimanche matin, 9h tout au plus et un long rayon de soleil filtre au-dessus de l'évier. Il décroche un long bâillement sonore. Elle, elle vient de partir pour la boulangerie avec une énergie surprenante. A peine sortie du lit, elle a sauté dans un jean, a enfilé en vitesse un pull par dessus son tee-shirt. Et voletant comme un moineau, elle est partie dans les rues désertes sous le ciel radieux.

    Lui trouve extravagant de sortir si tôt le week-end pour acheter du pain. Mais elle insiste, tient à maintenir les habitudes de son pays. Le pain frais et les croissants, c'est sacré en France, dit-elle, surtout dans la vie d'un village comme celui où elle a grandi. On ne peut pas faire un VRAI petit déjeuner sans cela. A Buenos Aires, faute de viennoiseries, elle ramènera des "facturas", mais qu'importe! L'essentiel pour elle est de pouvoir préserver le rituel d'une manière ou d'une autre.

    Le sifflement de la théière le tire de sa torpeur. Tandis qu'il remplit le grand thermos fleuri, on entend la clé dans la serrure, le grincement de la porte. Il n'a pas besoin de se retourner pour deviner le sourire triomphant qui émerge derrière lui et qui accompagne la douzaine de viennoiseries, empaquetées soigneusement dans un grand papier blanc. Elle défait l'emballage, commence à les disposer une à une dans un plat lentement, religieusement. Elle a pris un assortiment dont six mini-croissants, medialunas de grasa, parce que ce sont celles qui lui rappellent le mieux le petit déjeuner de son enfance, et parce qu'en plus elle aime bien qu'ils soient croquants. Pendant ce temps, il confectionne le maté. Il se prépare à y verser l'eau chaude, quand elle se retourne et le supplie: "Attends, attends, montre moi" Elle veut apprendre, observer comment on fait "pour de vrai". Il lève les yeux au ciel, comme il a fait la semaine précédente et comme il le fera à sa prochaine question. C'est la énième fois qu'elle le lui demande. A chaque fois c'est la même conversation. Il n'y a rien de plus à apprendre pour faire un maté, il lui a déjà tout expliqué. Ils sortent pour s'installer à la table, près de la fenêtre, et passent une bonne partie de la matinée à échanger le maté et discuter autour du plat débordant de viennoiseries, qui rapidement se trouve vide.


    A MIDI: la viande, grand classique de la polémique.

    Il vient d'attraper le grill en fonte dans le placard, fier d'avoir trouvé une solution à leur sempiternelle question: Que mangeons-nous aujourd'hui? . Ses yeux se sont illuminés quand il a dit: " Hacemos unos patys y a la mierda ".

    Elle, elle comprend qu'elle va manger des steaks hâchés mais elle ne mesure la dimension sacrée que prend la viande dans ce pays. Même sous l'aspect élémentaire d'un paty - qui est le nom d'une marque pour désigner le steak haché- , elle fait l'objet de respect voire même d'une certaine dévotion. Sa cuisson, dans sa forme la plus ritualisée (c'est-à-dire el asado, le barbecue) implique le feu, implique la braise, implique une forme de virilité nationale qui passe par le charbon et les flammes. En Argentine, un homme, un vrai, fait du feu; il fait du feu avec n'importe quoi: une allumette et un morceau de papier, du bois mort, des morceaux de cagettes. Ce midi, dans la cuisine, le mâle est là, sans pouvoir démontrer tout son potentiel national, faute de barbecue à l'air libre. Il en est réduit à surveiller la flamme bleue du gaz, attentif au grésillement de la graisse, la fourchette à la main.

    Pour elle, les occasions spéciales impliquant un steak haché se limitent au steak/frites de la cafétéria de Géant Casino. Durant un instant, elle doit se souvenir du cuistot de la cafet' dans le brouhaha des clients: " Et la cuisson du steak pour la p'tite dame? " Ce doit être pour ça, par réflexe, par pur mécanisme qu'elle prononce : "Saignante la viande s'il te plaît ". La fourchette est restée en suspens au lieu de se planter dans la chair juteuse et c'est un argentin choqué qui la regarde. "Comment ça, tu veux la manger comme ça, toute rouge à l'intérieur ?? " On dirait qu'il doute tout à coup de la santé mentale de sa compagne. Quand elle est tendre, comme c'est le cas ici, la question de la cuisson ne se pose pas: on peut se permettre de la cuire au maximum et être sûr qu'elle ne perdra pas son moelleux. Le Paty bien entendu c'est une affaire plus basique mais la loi de la cuisson s'y applique quand même. Elle tente de protester, avec des données nutritionnelles (comme le fer indispensable aux femmes en âge fertile) tout ce qu'on lui a inculqué dans sa jeunesse.

    " Mais non les patys il faut bien les cuire, sinon c'est mauvais pour la santé ! "

    Lui a l'autorité et la légitimité du pays de la viande. Depuis qu'elle vit ici, elle a fini par sauter le pas, rompre le préjugé de manger la barbaque toute cuite, mais pour le paty elle essaye de temps en temps de le persuader du contraire. "Il faut tuer les bactéries". Cette fois-ci, l'argument sanitaire a fait mouche. Elle se résigne, mais finit par apprécier, comme pour la viande "à la pizza". Un étrangeté qui choque ses habitudes, bouscule ses références : le filet de boeuf est comme de la pâte à pain, on y met de la mozzarella dessus, et parfois du jambon et de la sauce tomate. Il faut reconnaître que lui a su la convaincre et vaincre ses réticences quand il rajoute de la persillade ou du merken, un espèce de piment fumé, en plus des ingrédients traditionnels de cette recette.

    C'est pour ça, qu'aujourd'hui, quand il demande: " tu veux du fromage crémeux dessus? ", elle ne lui refuse plus, comme à chaque fois. Mais elle ne peut pas s'empêcher de s'indigner un peu, juste pour la forme et pour ne pas s'avouer qu'elle apprécie ce sacrilège fait au fromage.


    LE SOIR: la salade, la moutarde et le fromage.

    Elle ouvre le frigo et le regarde avec satisfaction. Au fond juste au-dessus du bac à légumes, il y a une petite boîte, rudimentaire certes, mais suffisante pour lui décrocher un petit sourire de fierté. Oui, dans son foyer franco-argentin, elle a institutionnalisé la boîte à fromage. Il s'agit d'une simple barquette de glace Carte d'or dans laquelle elle avait ramené un exemplaire de roquefort et de bûche de chèvre lors de son dernier voyage en France.

    Polémique dans la cuisine: cohabitation franco-argentine / Polémica en la cocina: convivencia franco-argentina
    Depuis de long mois, dans ce même frigo, elle préserve avec amour la fin inexorable du mini pot de moutarde Amora Fine & forte. La relique du pot précédent se trouve parmi les verres, comme dans toute cuisine française qui se respecte. Cette fois-ci, elle déroge à la règle et ose un grosse cuillerée de moutarde pour terminer une vinaigrette dont elle a le secret: elle va accompagner une bonne salade. Elle sort ensuite la plaque de raviolis frais achetés en magasin spécialisé. En attendant l'ébullition de l'eau, elle prépare avec tendresse la laitue, les tomates, les carottes. Il a adoré la fois où elle avait mélangé des noix et du roquefort (ou peut-être était-ce du chèvre? enfin, un fromage tout juste ramené de France). Il a parlé des fruits secs dans la salade à toutes ses connaissances pendant les semaines qui ont suivi. Cette fois-ci, faute d'autres ingrédients, elle inaugure la sauce à la moutarde. Pendant ce temps, elle plonge les pâtes dans la casserole bouillante, un peu maladroitement car elle n'a pas l'habitude d'en manipuler une "plaque" entière.

    Il entre justement dans la cuisine quand elle est sur le point de les égoutter. Il l'observe d'un air amusé et à la fois réprobateur. Ici on traite les pâtes avec respect et amour. Ici, ce ne sont pas de simples nouilles que te sauvent d'un mauvais pas un jour sans inspiration culinaire. Tout bon portègne a eu une grand-mère italienne ou fille d'italiens. Une Nonna qui a passé des journées entières à élaborer ses propres tagliatelles pour nourrir toute la tribu le dimanche; une Nonna qui, de là où elle se trouve, sur terre comme au ciel, surveille la cuisson des sacro-saintes pâtes. Ce soir-là, la pauvre Cecilia doit se retourner dans sa tombe, c'est ce qu'indique le visage stupéfait de son petit-fils. La française ne sait vraiment pas s'y prendre : elle vient de vider sans ménagement l'eau sur la passoire, et les ravioles y frétillent comme des petites grenouilles hors de la mare.

    La salade n'aura pas le succès attendu. Au contraire, elle sera l'objet de commentaires désobligeants, traitée de "non-terminée", "faite à la va-vite", ce qui, selon elle, est complètement injustifié. Il faudra plusieurs minutes d'échanges pour comprendre ce qui dérange. En Argentine, une salade faite dans les règles de l'art est toujours coupée en fines lanières et pré-assaisonnée (et n'a d'autre fonction que d'accompagner la viande). Tandis qu'en France couper les feuilles de la salade n'est pas très orthodoxe: tout cuisinier prévenant s'excusera quand, pour une question de taille, il s'est retrouvé dans l'obligation de le faire.

    Depuis lors, dans cette maison, la salade a pris le même destin que la boîte à fromage. Elle est devenue un plat hybride, interculturel. Parfois les feuilles sont laissées intactes à la française et la sauce est intégrée, à l'argentine. Ou parfois c'est l'inverse. Et, quand l'occasion se présente, quelques noix ou des morceaux de roquefort viennent agrémenter le tout. L'exotisme du quotidien, surtout dans la cuisine passe avant-tout dans les détails.

      COHABITATION FRANCO-ARGENTINE / CONVIVENCIA FRANCO-ARGENTINA

    La gata Bardot, así nombrada en honor a la actriz Brigitte Bardot, es el testigo discreto de la convivencia entre un argentino y una francesa. Nos cuenta los secretos del cotidiano culinario de este hogar.

     

    A LA MAÑANA: croissants y maté

    Él entra en la cocina recién levantado, despeinado, arrastrando las pantuflas. Llena la pava, y de un gesto automático, rasca un fósforo para encender el gas. Es domingo, son las 9h de la mañana y un rayo de sol penetra por la ventana cerca de la heladera. " ¡Que fiaaaca! " Suelta un bostezo largo, sonoro.
    Hace un rato, ella se fue a la panadería con una sorprendente energía. Nada más levantada, saltó en un jeans, se pusó rapidamente un pull-over encima de una remera. Y como un pajarito, salió por las calles desiertas.
    A él le parece extravagante levantarse tan temprano el fin de semana nada más que para comprar pan. Pero ella insiste en mantener las costumbres de su país. El pan fresco y los " croissants " son sagrados en Francia, dice ella, sobretodo donde creció, en una población de unos 1000 habitantes. No se puede hacer un VERDADERO desayuno sin ir previamente a la panadería. A falta de " viennoiseries", traerá facturas, pero no importa. Lo esencial para ella es preservar el ritual de una manera o de otra.
    El silbido del hervidor lo saca a él de su letargo. Mientras rellena el gran termo decorado de flores, se oye la llave en la cerradura, el chirrido de la puerta. No necesita darse la vuelta para percibir la sonrisa triunfal que surge detrás de él  y que acompaña la docena de facturas, cuidadosamente empaquetadas en un papel blanco. Ella lo desarma y empieza a disponerlas en un plato, una a una, lentamente, casi religiosamente. Compró seis medialunas de grasa, porqué son las que más le recuerdan al desayuno de su infancia y porque además le gusta que sean crujientes. Mientras tanto, él ceba el maté. Está a punto de verter el agua caliente, cuando ella se da la vuelta y lo suplica: " Pará, pará, enseñáme! " Quiere ver, apprender como se hace " de verdad ". Él levanta la mirada al cielo, como ya hizo la semana pasada y como hará la próxima vez: siempre le pide lo mismo, siempre la misma conversación. No tiene nada más que saber para cebar el maté. ¿ya se lo explicó todo! Y la infusión en mano, se instalan en la mesa, pasan un buen rato charlando, mientras se vacía el plato lleno de bollos.

    AL MEDIODIA : la carne, clásica polémica de la indosincracia nacional

    Él agarró la plancha, orgulloso de haber encontrado una solución a la eterna pregunta : Qué comemos hoy? Sus ojos se iluminaron cuando declaró:  "Hacemos unos patys y a la mierda".
    Elle entiende que va a comer hamburguesas - llamadas así por el nombre de una marca local - pero no mide la dimensión sagrada que tiene la carne en este país. Incluso bajo la forma elemental de un paty  es objeto de respeto, casí de devoción. Su preparación, en su aspecto más ritual (es decir un asado), implica el fuego, implica la brasa, implique una forma de virilidad nacional que pasa por el carbón y las llamas. En Argentina, un hombre, un verdadero hombre, sabe hacer fuego; hace fuego con cualquier cosa: con una cerilla y un trozo de papel, con leña, con lo que tenga a mano. Este mediodia, en la cocina, el macho está acá sin poder demostrar todo su potencial nacional, por falta de parrilla y de carbón. Está relegado a supervisar la llama azul del gaz, atento al chisporroteo de la grasa, tenedor en mano.

    Para ella, las ocasiones especiales con hamburguesas se limitan al menú steak/frites (hamburguesas con papas rejillas) del restaurante del supermercado " Géant Casino "
    Durante un instante, incluso debe recordar al cocinero de la cafeteria, en medio del alborroto de la gente: " Y como quiere su hamburguesa señorita? ". Seguramente por eso, por pura costumbre, pide: "Poco hecha la carne, por favor ".
    El tenedor se quedó en el aire y ella se enfrenta a un argentino choqueado. " ¿Cómo? ¿querés comerla así? ¿Roja por dentro?" Él, de repente, parece dudar de la salud mental de su pareja.
    Cuando la carne suele ser tierna como es el caso acá, se puede cocer al máximo sin que pierda su jugosidad. El paty obviamente es un asunto más básico, pero la ley de la cocción se aplica igual. Ella intenta protestar con datos nutricionales - como el del hierro que falta a las mujeres en edad fértil - argumentos que le inculcaron cuando era más joven.
    "La carne poca hecha es mala para la salud" le contesta él.
    Tiene la autoridad y la legitimidad del país de la carne. Desde que ella vive acá, empezó a romper este prejuicio y come la carne la más cocida posible, pero con los patys a veces intenta persuadirlo del contrario. Esta vez, el argumento sanitario dío en el blanco. Hay que matar a las bacterias. Entonces se resigna pero lo disfruta, como para "el matambre a la pizza". Una rareza que la choca un poco, mueve sus hábitos: la carne, como si fuera masa de pan se unta con muzzarela, e incluso jamón y salsa de tomate. Hay que reconocer que en este asunto él supo convencerla. Le pone queso pero también provenzal o merken, ají ahumado. Ella ya no lo rechaza, pero no puede dejar de idignarse un poco, sólo por la forma, para no confesar que en realidad le termina gustando.


    A LA NOCHE: ensalada, moztaza y queso

    Ella abre la heladera y lo mira con cierta satisfacción. Al fondo, justo arriba del cajón de las verduras, hay un tuper de plástico. Pequeñito, sencillo pero suficiente para provocarle una sonrisita de orgullo. Sí, en su hogar franco-argentino, se institucionalizó la "boîte à fromage" caja del queso, es decir un espacio especial, cerrado,  donde se conserva exclusivamente este alimento. En Francia, sirve sobretodo para preservar el resto de la heladera de los olores. En su hogar porteño, no tiene el recipiente tradicional : se trata de una simple tarrina de helado reciclada en la que había traido una vez  un ejemplar de roquefort y de queso de cabra. (En aquel país no son comunes las heladerías artesanales y la gente suele comprar helado en el supermercado.)

    Polémique dans la cuisine: cohabitation franco-argentine / Polémica en la cocina: convivencia franco-argentina
    También en esta misma heladera, lleva muchos meses preservando con amor el final inexorable del mini-frasco de moztaza de Dijon. La reliquia del frasco anterior la usan ahora de vaso, como corresponde en cada casa francesa. De hecho, le verre à moutarde es una especie de institución. De cualquier marca que sea, está pensado para ser reciclado así: algunos -más seríos y elegantes- son copas, otros decorados con dibujos animados, son para niños.
    Esta vez, ella no respeta la ley que se había impuesto, y se atreve a tomar una gran cucharada de mostaza para terminar la vinagreta: cocinará una buena ensalada de entrada. Saca de la heladera una bandeja de ravioles frescos. Esperando que el agua hierve, prepara con cariño la lechuga, los tomates, las zanahorias. A él le encantó la ensalada que ella hizo una vez, con nueces y roquefort (o tal vez era queso de cabra? Enfin algún queso recién traido de Francia), y habló de las frutas secas en la ensalada a todos sus conocidos durante semanas. Ahora, al no tener otros ingredientes , ella inaugura la salsa con moztaza. El agua está lista y introduce la pasta en la cacerola, torpemente, porque no está acostumbrada en manipular una "lámina" de masa.

    Él entra precisamente en la cocina, unos minutos después, y la encuentra con el colador en mano. Observa sus gestos inseguros con una sonrisita y también con una mirada de desaprobación. Acá uno trata a la pasta con respeto y amor, no son simples fideos que te salvan de la falta de inspiración culinaria. Todo buen porteño tiene una abuela italiana o hija de italianos. Una Nonna que pasó días enteros elaborando sus propios tallarines para alimentar a todos en el almuerzo del domingo. Una Nonna que, de donde esté, en la tierra como en el cielo, supervisa la santa pasta. Aquella noche la pobre Cecilia se habrá retorcido en su tumba, es lo que indica la cara asombrada de su nieto. La francesa no tiene ni idea : acaba de vaciar sin ninguna delicadeza el agua en el colador y los pobres ravioles tiemblan como ranitas fuera del río.

    La ensalada tampoco no tendrá el éxito esperado. Al contrario, será tachada de "no terminada", "hecha con poca onda", argumentos totalmente injustificados para ella. Serán necesarios varios minutos de intercambio para entender lo que les molestan. En Argentina, los cánones de la ensalada exigen una lechuga ya aliñada y cortada en trozitos finitos, en finas bandas verdes. En Francia, en cambio, cortar las hojas de la lechuga no es muy ortodoxo; un cocinero respetable se suele disculpar cuando no le quedó otra que dividir las de tamaño más grandes.

    Desde entonces, en esta casa, la ensalada tomó el mismo camino que la boîte de queso. A veces las hojas son dejadas intactas a la francesa, y con el aderezo incluido a la argentina. A veces es al revés. Y en ocasiones especiales, se añaden algunas nueces y trocitos de roquefort. En el día a día, en esta cocina el exotismo está hecho más que nada de pequeños detalles.

     

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  • Pech Salamou, Aude, années 1990

    " Allez Allez dépêche-toi "
    Ma grand-mère Mimi me pressait un peu. Elle venait d'étirer la pâte et m'avait chargée de la découper en petits ronds. Pour une raison qui m'est aujourd'hui inconnue, j'imaginais que c'était des bulles de savon et je m'appliquais d'une drôle de façon à accomplir ma mission. Elle me grondait, étrangère à mes rêvasseries d'enfant et ne comprenait pas pourquoi je mettais tant de temps à décider où poser le verre qui me servait d'outil. L'empressement de la cuisinière prévalait sur n'importe quel imaginaire infantile. Elle, elle devait penser aux horaires de repas, au temps de cuisson, à la prochaine réunion du troisième âge, à Question pour un Champion en fin d'après-midi. Qu'est-ce que j'en savais moi de ces choses sérieuses qui lui passaient par la tête, à Mamie ! Moi, la seule chose qui me tenait à coeur c'était de faire de jolis dessins!

    Ensuite, nous recouvrions chaque pièce de pâte avec de la chair à saucisse, la pliions en deux et fermions les bords avec une fourchette. Cela donnait des demi-cercles fourrés, aux extrémités décorées de petits bâtons. Pour moi, les bulles de savons se transformaient alors en ailes de papillons. (C'est étrange, je me souviens encore parfaitement des détails, des formes et des volumes). Après, je prenais le rôle de simple spectatrice et assistait à la cuisson. Pour cela, ma grand-mère utilisait à peine un peu d'huile et une poêle très ancienne au large manche en bois, profonde, lourde, et surtout recouverte d'une improbable couche de charbon à l'extérieur, sûrement accumulée par les emplois successifs sur les flammes. Une poêle comme seulement on pouvait trouver chez elle et qui est restée mythique dans la famille. Enfin, elle déposait chaque pièce une fois frite sur un papier sopalin. En général, c'était à ce moment-là que j'y mettais les doigts, malgré l'interdiction formelle, et je terminais par me brûler un peu car je voulais croquer dedans.

    Pour la petite française que j'étais alors, préparer des rissoles avec ma grand-mère était toute une aventure. C'était une spécialité de la famille. Je ne sais pas si la recette est passée à la postérité , mais à cette époque, c'était le privilège total de Mamie. A mon souvenir ni ma mère, ni mes tantes ne les préparaient. Il me semble que mes camarades d'école ne connaissaient pas non plus ce plat. D'ailleurs, ils fronçaient les sourcils quand je leur en parlais. En faisant des recherches sur Internet, j'ai découvert qu'il s'agit d'une recette traditionnelle de la région de Grenoble. Je ne sais pas si elle est très courante là-bas. En tous cas, dans la région de Carcassonne, les rissoles étaient un peu extravagantes et moi je les adorais. Nous avions l'habitude de les manger avec de la salade car la friture était un peu lourde à l'estomac, et je présume que c'était la raison pour laquelle ma mère n'en faisait pas. La farce n'était rien d'autre que de la viande, avec beaucoup de poivre, et leur donnait un goût un peu piquant, semblable à celui d'un saucisson. La pâte était dorée, moelleuse à l'intérieur et d'un croustillant impeccable à l'extérieur. Je ne sais si c'était à cause des talents de ma grand-mère ou de la fameuse poêle. Mon oncle Jean-Pierre a toujours dit que les oeufs au plat préparés dans cette relique étaient unique et il regretta le jour où elle disparut des placards, il y a déjà quelques années.


    Wilde, Buenos Aires, décembre 2014

    " Coucou Mamie! Je viens te voir avec ma copine française "

    Stefi a déjà passé la porte et je la suis de près.
    Geli, bon pied bon oeil, n'a même pas 80 ans. Attablée dans sa cuisine, elle semble très occupée, mais je n'arrive pas à distinguer ce qu'il fait. Cela doit faire quelques heures qu'elle est ainsi. En face d'elle, un plateau avec les mêmes chaussons de mon enfance et un saladier rouge rempli de viande hachée, persil et d'autres ingrédients que je n'identifie pas. A côté, il reste encore de la pâte. Le four est allumé et l'odeur indique qu'il doit y avoir un autre plateau en train de cuire. Cette grand-mère mène la recette des rissolles à un niveau beaucoup plus industriel que la mienne.

    " Ooh vous faites des empanadas, je peux regarder comment vous faites? "

    La dame n'utilise pas de fourchette mais ferme les bords avec les mains et cela attire mon attention. Je m'assieds en face d'elle, fascinée par la précision du geste, rapide et habile. Elle rie un peu.

    " Pff je ne fais rien d'extraordinaire "

    Elle a le ton de la cuisinière expérimentée qui ne voit plus les difficultés car elle maîtrise parfaitement la technique.

    "  Tu veux le faire? Regarde comment je fais le repulgue "

    Ainsi, j'apprends que le geste habile porte même un nom: repulgue et elle me le montre une fois encore en détaillant chaque étape. On dirait qu'elle tresse la pâte. Ce joli dessin aurait largement éveillé mon imagination dans mon enfance. Mais maintenant j'ai presque 30 ans et je me mords la langue pour me concentrer et fermer le chausson en bonne et due forme. Le résultat est rustique, plat et sans grâce. Je me retrouve rapidement les mains vides: il ne reste plus de pâte. J'éclate de rire et Geli aussi. J'aurais encore besoin d'entrainement pour réussir de belles empanadas.


    Toutefois les mois suivants, je découvrirai qu'en Argentine, il n'est pas besoin de dominer l'art du repulgue. On trouve de ces chaussons partout. Ici la recette de Mamie Mimi n'est pas marginale, au contraire: c'est une véritable institution.

    Je découvrirai donc que les empanadas à la viande sont les plus traditionnelles, mais qu'il existe aussi une infinité de goûts et que les recettes changent même selon les régions. Je m'étonnerai le jour où j'aurai à choisir entre : carne suave viande douce, carne picante viande piquante et carne cortada a cuchillo viande coupée au couteau. Si la différence entre les deux premières est tout à fait claire, la dernière est pour le moins mystérieuse. L'ustensile a donc autant d'importance? En fait, les Argentins sont tellement pointilleux en matière de viande qu'ils ont besoin de faire la différence entre la viande hachée plus ou moins épicée et la viande coupée en petits morceaux. (J'ai cru comprendre que la taille et le type de couteau importent peu mais sait-on jamais, je pourrais un jour croiser un fondamentaliste de la viande coupée au couteau.)

    Je mettrai un peu de temps à comprendre que même si l'origine de ces chaussons est espagnole, l'influence de l'Italie est encore une fois énorme. D'ailleurs, bientôt j'adopterai cet adage: là où l'on vend des pizzas, on vend des empanadas. Comme la pizza, certaines sont préparées avec des ingrédients tels que la mozzarella, le basilic, la tomate. Comme la pizza, c'est le remède aux soirées sans inspiration culinaire et sans envie de sortir de la maison.

    Enfin, ce qui me surprendra le plus c'est leur langage universel. Cela est en effet indispensable pour différencier les goûts. Il existe des formes variées et créatives de " repulgue ": l'art de la fermeture de chausson va beaucoup plus loin que ce que je pouvais imaginer. Il y a aussi les CS, CP, JQ marqués dans la pâte, codes secrets pour Carne Suave (Viande douce) Carne Picante (Viande piquante), Jamón y Queso ( Jambon et fromage) etc...

    Bref, dans les mois qui suivront, je découvrirai un monde à part, inséparable du quotidien de la vie à Buenos Aires.



    Villa Crespo, Buenos Aires, Mars 2017

    Après plusieurs années en Argentine, (et curieusement pour la première fois) j'ose enfin ma propre production. J'ai acheté 24 pièces de pâte toute prête et prédécoupée. J'ai un chantier de toute une après-midi devant moi.

    Au lieu de suivre l'authentique recette, je décide finalement de me laisser emporter par la créativité. Je crée ma propre formule avec ce que j'ai sous la main dans le frigo: des steak hachés pour la viande, des olives vertes, des tomates, des oignons, du cumin ( que j'ai acheté spécialement pour l'occasion). Ce n'est grave si je ne respecte pas la tradition. Comme quand j'étais enfant, les empanadas favorisent mon imagination.

    Je tente le "repulgue" de Geli. Après plusieurs tentatives, je finis par utiliser la fourchette. Comme mon four ne fonctionne pas, je fris chaque pièce avec très peu d'huile comme le faisait Mimi. Puis j'en fais quelques barquettes pour congeler.

    Et tandis que je répète chacun des gestes des aïeules, j'ajoute ma touche personnelle, et naît une nouvelle recette. La France et l'Argentine se mélangent dans ma cuisine. Et à ce moment-là, la main dans la pâte, la tête dans les souvenirs, je réfléchis à cet étrange chemin de la transmission. C'est à cet instant précis que je décide qu'il est temps de retracer chacun de ces moments dans mon blog.

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     Pech Salamou, Sur de Francia , años 1990.

     " Allez, allez dépêche-toi "

    Mi abuela Mimí me apuraba un poco. Había estirado la masa y me había encargado de recortarla en circulitos. Por algún motivo que hoy desconozco, yo me imaginaba que eran burbujas de jabón y me aplicaba de una forma extraña en cumplir mi tarea. Ella me regañaba, ajena a mi fantasía infantil y no entendía por qué tardaba tanto en decidir donde ubicar el vaso que me servía de herramienta. Las prisas de la cocinera prevalecían sobre cualquier imaginario de niño. Elle estaría pensando en horarios de almuerzo, tiempo de cocción, congelador, reunión en la casa de jubilados a la tarde. ¡Que sabía yo de estas cosas serias que pasan por la cabeza de una abuela! A mí lo único que me importaba era hacer dibujos lindos.

    Cada pieza recortada la rellenábamos luego con carne picada de cerdo, la doblábamos y juntábamos los bordes con un tenedor. Quedaban unos semicírculos rellenos, con las extremidades decoradas con " palitos ". Para mí, las burbujas de jabón se transformaban en alitas de mariposas. (Es extraño, aún hoy recuerdo claramente los detalles, las formas, los volúmenes.) Después, yo tomaba el papel de simple espectadora: asistía a la cocción. Para eso, mi abuela empleaba un poquito de aceite y una sartén muy antigua, profunda, pesada, con un ancho mango de madera y sobretodo, con una improbable capa de carbón para afuera, seguramente juntada por el uso reiterado sobre las llamas. Una sartén que sólo se encontraba en su casa y que quedó mítica en la familia. Al final, depositaba cada pieza, una vez frita, en un papel de cocina. En ese momento era cuando yo solía tocar las masitas calientes a pesar de la prohibición formal y, cómo no es de extrañar, me terminaba quemando un poco, por querer comerlas antes de tiempo.

    Para un Argentino no será tan raro cocinar empanadas con la abuela. Para la nena francesa que era entonces era todo una fiesta. Les " rissolles ", como se llamaban, era una especialidad familiar. No sé si la receta pasó a la posteridad hoy día, pero el caso es que, en aquel momento, parecía privilegio de la abu. Ni mi madre las cocinaba, ni mis tías. Tampoco recuerdo que mis compañeritos de cole conocieran este plato. De hecho levantaban la ceja cuando les hablaba de él. No sé si era muy común en el panorama gastronómico francés. Las rissolles eran cosas raras y a mí me encantaban. Las solíamos comer con lechuga, porque la fritura resultaba un poco pesada para el estómago, y sospecho que por eso nunca las hacía mi mamá. El relleno de carne no llevaba nada más que mucha pimienta y dejaba un sabor picantito en la lengua, parecido al de un salame. La masa quedaba dorada, más tierna para adentro y con el crujiente perfecto para afuera. No sé si por los talentos de mi abu o tal vez por esta sartén tan particular. Mi tío Jean-Pierre siempre afirmó que los huevos fritos no sabían igual preparados en esta reliquia y se lamentó cuando desapareció de la alacena, hace unos años ya.

     

    Wilde, Buenos Aires, diciembre del 2014

     " Hola abu! te venimos a visitar con mi amiga francesa "

     Stefi ya pasó el umbral de la puerta y voy justo detrás de ella.

     Geli ni llegará a los 80 años. Está sentada en su cocina, parece ocupadísima pero no distingo muy bien con qué. Ya llevará unas horas así. En frente de ella, una bandeja con los mismos semicirculitos de mi infancia y un cuenco rojo con carne picada, perejil y más cosas que no consigo identificar. Al lado, quedan todavía tapas de masa vacías. El horno está prendido y el olor delata otra tanda de estas cociéndose. Empanadas por hacer, otras por cocer y otras recién horneadas y listas para congelar: esta abuela lleva la receta de las "rissoles "a un nivel mucho más industrial que la mía.

     " Uuy, puedo mirar cómo hace? , pregunto.

     La señora no usa tenedor sino que cierra los bordes con las manos y eso me llama la atención.

     Me siento en frente de ella fascinada por la precisión del gesto, rápido y hábil. Ella se rie un poco.

     " Puff es un pavada, nada extraordinario. "

     Tiene este tono de la cocinera experimentada que ya ni ve las dificultades porque controla la técnica perfectamente.

     " Querés hacerlo? Mirá como hago el repulgue " 

     Así me entero que la pavada tiene un nombre: " repulgue " (que es un argentinismo por " repulgo ") , y ella lo repite otra vez, explicándome cada paso. La pieza queda como cerrada por una trenza. ¡Cuántas fantasías hubiera despertado este lindo dibujo en mi niñez! Pero ahora ya tengo casí 30 años y saco la lengua para concentrarme y cerrar la masa como se debe. El resultado es bastante tosco, plano, y sin gracia. Me encuentro rápidamente con las manos vacías. Ya se terminaron las tapas. Suelto una carcajada y Geli también. Voy a necesitar más entrenamiento para lograr una lindas empanadas.

    Sin embargo, los meses siguientes descubriré que en Argentina, no es necesario dominar el repulgue. Empanadas se encuentran por todos lados. Acá la receta de la abuela Mimí no es nada marginal, más bien todo lo contrario: es una institución.

    Descubriré que la empanada de carne es la más tradicional, pero que existe también un sinfín de sabores diferentes y que incluso las recetas cambian según cada región del país. Me extrañaré la primera vez que tenga que elegir en la lista entre " carne suave ", " carne picante " y " carne cortada a cuchillo ". Si la diferencia entre las dos primeras queda clarísima, la última es por lo menos misteriosa. ¿ Tanta importancia tiene el ustensilio en la receta ? En realidad, los argentinos son tan puntillosos en temas de carne que necesitan distinguir entre la carne picada más o menos especiada, y la carne en trocitos (tengo entendido que el tamaño y el tipo de navaja importan poco, pero nunca se sabe, en cualquier momento podría cruzarme con un fundamentalista de la carne cortada a cuchillo).

    Tardaré un tiempo en entender que, si bien tiene origen español, la influencia de Italia es enorme. ¿ Quién lo hubiera dicho? La relación no es tan obvia a primera vista. De hecho, pronto haré mía esta regla de oro: donde se vendan pizzas, se venden empanadas. Como la pizza, algunas tienen ingredientes como muzzarela, albahaca o tomate. Como la pizza, es el remedio a las noches sin inspiración culinaria y sin ganas de salir de casa.

    Por último, lo que más me gustará y me sorprenderá es el lenguaje universal de las empanadas, imprescindible para diferenciar los sabores. Hay formas variadas y creativas de repulgue: el arte del cierre va mucho más lejos que lo que hubiera podido imaginar. También se encuentran CS, CP, JQ marcados con un sello, códigos secretos para Carne Suave Carne picante, Jamón y Queso. En los meses siguientes a mi iniciación al repulgue exploraré un mundo a parte, inprescindible en el cotidiano de Buenos Aires.

     

     Villa Crespo, Buenos Aires, Marzo 2017

     Después de unos años viviendo en Argentina, y por primera vez (curiosamente), me atrevo en elaborar mis propias empanadas. Me esperan 24 tapas prehechas y una tarde entera de trabajo.

    En lugar de seguir la auténtica receta, decido finalmente dejarme llevar por la creatividad, y desviarme de los caminos ya establecidos. Armo mi propia fórmula, con lo que tenga a mano en la heladera: hamburguesas para la carne, aceitunas verdes, cebollas, comino (que compré especialmente). No importa que no siga la tradición. Como cuando era niña, las empanadas fomentán mi imaginación.

    Intento el repulgue como me enseñó Geli. Después de varias tentativas, uso finalmente el tenedor. Como no funciona el horno en mi casa, frío cada pieza con muy poca aceite como lo ví hacer a Mimi. Después, confecciono unas bandejitas para congelar.

    Y mientras voy repitiendo uno a uno los gestos de las abuelas añado mi toque personal y nace algo nuevo. Se mezclan Francia y Argentina en mi cocina. Con las manos en la masa, la cabeza llena de recuerdos, reflexiono sobre este extraño camino de la transmisión. Y en este preciso instante, decido que ya es hora de transcribir en mi blog cada uno de estos momentos.

     

     

     

     

     

     

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  • La parc, c'est la vie ! / El parque es vida !

    Il est encore tôt. Tout est calme. Je viens de passer les grilles de l'entrée et je me suis installée. J'ai choisi mon arbre, un tipa comme toujours, car les feuilles sèches des pins sont piquantes. Maintenant je me mets à l'aise tranquillement, d'abord j'étends la couverture sur le sol, puis le sac à dos et tout ce que j'apporte: le carnet et le stylo qui m'accompagnent partout, un livre à lire ou de la laine pour crocheter selon l'envie du jour, l'appareil photo, une bouteille d'eau, le mate parfois.

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    Es todavía temprano. Todo está quieto. Recién pasé las rejas de la entrada y me instalé. Elegí mi árbol, como siempre un tipa, porque las hojas secas de los pinos suelen tener espinas. Ahora me acomodo tranquilamente, primero la mantita en el suelo, luego mi mochila y todo lo que traigo: el cuaderno y la birome que nunca pueden faltar, un libro para leer o lana para tejer según el día, la cámara de foto, la botellita de agua, el mate a veces.

     

     

    J'aime aller au parc. Cela fait partie de mon quotidien portègne. Avant, je ne l'appréciais pas vraiment. J'y voyais une espèce de nature prémâchée pour citadins pressés, comme en boîte de conserve, une illusion de " campagne ". Mais aujourd'hui pour moi, le parc c'est de la vie, c'est de l'air "chlorophilisé", c'est de l'ombre et de la fraîcheur en été, c'est de la détente avec un fond sonore de bazar urbain.
     
    Mon lieu de déconnexion et de paix. Un poste d'observation idéal.
    C'est un moment privilégié pour écouter les oiseaux ou le vent dans les feuilles, pour s'appuyer contre le tronc rugueux d'un arbre, pour sentir sur mes jambes nues et détendues les chatouilles d'une araignée, pour savourer la fraicheur de la pelouse, avec ce léger final aigre, typique des parcs urbains. Serait-ce une odeur de … pisse? Si, sans doute, et même si j'en ai pleinement conscience, je reviendrai quand même sous les branches des tipas.


    Le subtil exotisme de la nature

    La parc, c'est la vie ! / El parque es vida !


    Je cherche des yeux l'image d'une feuille bercée par la brise légère du matin et je prends une grande bouffée d'air.

    Observer les arbres me connecte au rythme de ma propre respiration.
    Regarder les arbres de mon village en France me connecte à mes racines.
    Regarder les arbres du Parc Centenario, en revanche, me connecte à ma propre liberté.

    Un feuillage ressemblant à celui des acacias mais des branches incroyablement tortueuses, les tipas sont exotiques - légèrement, imperceptiblement -. Cela les rend à la fois proches et lointains. Le panorama que je contemple reste étrange même si je commence à m'y habituer. Tout est si singulier pour moi, même dans l'enceinte réduite d'un espace vert, si loin de mes références.


    Bien-sûr, il y a les plantes purement argentines et totalement nouvelles pour moi. Le palo borracho (bâton ivre) et son tronc déformé, le ceibo amant des berges de la rivière, l'ombu fierté de la Pampa. Tous sont présents dans le parc. Au printemps et en été c'est un festival de couleurs: les fleurs roses du palo borracho, les grappes violettes du jacaranda, les crêtes rouges du ceibo... Il y a aussi les plantes que je connaissais mais dans d'autres proportions. Les ficus ou les caoutchoucs qui, en France ornent l'intérieur des maisons, sont sur les trottoirs et ne mesurent pas un mètre, un mètre cinquante, ici, ils sont majestueux, énormes. Comme les géraniums qui grimpent comme du lierre sur les façades. C'est un drôle de sensation. Parfois,  me laissant étourdir par l'exubérance de la nature, je me sens infiniment reconnaissante d'être ici.

    Le parc est mon unique contact direct avec la terre, l'origine.

    Avant d'ouvrir mon livre ou de saisir mon crayon, je regarde toujours autour de moi. Je peux rester quelques longues minutes ainsi, à m'imprégner des alentours, si verts, ce ne sont qu'un camaïeu de verts: la pelouse sous mes pieds, les arbustes, l'eau du lac couleur mousse. Il ne se passe rien d'important, hormis le bouillonnement de la vie même et c'est précisément ce que je cherche au milieu de l'accélération de la ville. On entend les jacassements scandalisés des perruches dans leur nid là-haut, ou le duo strident d'un couple de horneros qui chantent en choeur pour renforcer leur amour.

    Mais qu'est-ce que c'est que cela, qui grimpe sur mon cou ? Une fourmi! Quooii? Cette chose énorme que j'ai dans la main, avec ce ventre marron, c'est SEULEMENT une fourmi? Paradoxalement c'est un simple insecte qui me rappelle que " tout est plus grand en Amérique ". Cet étrange constat fait lors de mes premiers mois ici est toujours valide.

    Hier il a plu. C'était un de ces orages d'été comme seul on peut les vivre à Buenos Aires, des épais rideaux de pluie. La pelouse est plus boueuse et même encore plus verte et les merles partagent l'espace avec les perruches. Un pigeon picazuro vient boire dans la flaque qui s'est formée. J'ai sorti l'appareil photo et je m'arme de patience pour faire un cliché de son mouvement de tête bizarre. Une fois – c'était un matin plus silencieux qu'un autre – j'ai vu des espèces de piverts, à la tête rouge, se promener timidement dans un caniveau, éloignés des autres oiseaux. Plus rarement, car il est discret et agile et ne se fait pas remarquer, j'ai aperçu un colibri butiner une fleur. Même quand ce n'est plus la première fois, l'émotion et la fascination face à cette apparition fugace restent intactes.

    La vie du parc, la vie des gens

    La parc, c'est la vie ! / El parque es vida !


    " Je vends des sandwiches frais!! "
    Une présence humaine me tire de ma contemplation.
    " Non, je te remercie"
    Ce sont deux amies cinquantenaires qui répondent. Elle viennent de s'installer sur deux transats face à moi. Elles prennent le soleil en bikini et discutent d'enfants, d'ex-maris et d'anniversaires selon ce que je perçois de leur conversation.

    Le parc, c'est la vie, celle des gens aussi.

    Ceux qui promènent leur chien en laisse, impatients et nerveux ou ceux qui au contraire partagent un moment de jeu avec lui.
    "Allez Rafa! On y va!!!"
    Le petit chien court comme un dératé, jouant avec un de ses congénères beaucoup plus grand que lui, sans écouter son maître. On voit qu'il profite de cette liberté. S'il était humain, il serait en train de rire aux éclats. Il continue de poursuivre l'autre mais de temps en temps lance un regard rapide en direction de son propriétaire,  implorant: "  Encore un peu plus, s'il te plaît ". Un autre sifflement et cette fois les yeux disent " J'arrive, j'arrive! Je fais un petit tour de plus " Il n'y a rien à faire contre l'enthousiasme canin. Le jeu passe avant tout et l'homme, amusé, devra s'armer de patience. Des fillettes crient et caressent le caniche d'une vieille dame, qui du coup, entame une longue discussion avec la mère tandis qu'une des petites, plus aventurière que l'autre fait des pirouettes avec l'animal en riant.

    Après un long moment de lecture, je me rends compte que quelque chose a changé. Le parc ne paraît pas si vide: il y a plus de monde autour de moi. Là-bas au fond, on donne des cours de tai-chi. Le professeur est asiatique, plus âgé que ses élèves mais moins ridé qu'eux. Une famille s'est installée sur une couverture; la femme s'est assise avec son bébé et regarde son mari et son fils jouer au ballon. Il y a un couple d'adolescents, un solitaire allongé sur la pelouse pour lire ou étudier, et au loin un groupe de jeunes  aux pantalons indiens multicolores qui s'entraînent à jongler. Les deux amies en face partagent des biscuits et prennent un maté. J'aurais dit apporter le mien cette fois-ci. Je commence à ressentir la faim aussi. Bon, me connaissant, ce serait plutôt l'envie d'une gourmandise.

    Les petits plaisirs du quotidien


    Grâce à la magie du parc, si je fais preuve de patience, la sucrerie viendra à moi. On m'a déjà proposé des sandwiches, des petits pains au fromage, et même des livres de yoga. Avant je me méfiais, mon esprit européen étant peu habitué à ce caractère informel des choses. Je trouvais cela étrange. Des personnes qui vendent des biscuits maisons transportés dans une caisse en plastique, un panier, une glacière sur un caddy...

    Je tourne la tête et je le vois. Le gars doit avoir 20 ans - un étudiant qui arrondit ses fins de mois sans doute - il parle avec la famille d'à côté, et porte une caisse de plastique sur la poitrine. Une affiche indique: BROWNIE 15 $. Je me dépêche de lever le bras pour attirer son attention. Je ne veux pas qu'il m'échappe! Je le reçois avec un grand sourire. Comme il me tend le précieux gâteau, une jeune fille s'approche, essoufflée d'avoir couru. " Je t'en achète un " dit-elle enthousiasmée " Ils sont super bons et fait maison " se justifie timidement l'étudiant. Il est réservé mais ses yeux traduisent sa surprise; les acheteurs se pressent sans qu'il n'ait rien à faire. Je défais l'emballage du brownie et je le suis un moment du regard. Ce sera une bonne journée pour lui: c'est le premier ce matin qui vend du sucré. Je déguste le chocolat avec tout le soin qu'il se mérite. C'est exactement ce dont j'avais besoin et il est arrivé à moi providentiellement. Quand je terminerai, je commencerai à plier mes affaires lentement, en savourant encore l'arôme du cacao et le croquant des cacahuètes.


    Je sortirai du parc, radieuse, imprégnée de la lumière du soleil et de l'énergie de la nature. Une nature peut-être minuscule, peut-être artificielle mais qui n'en reste pas moins l'essence même de la vie. Je sortirai reconnectée avec moi-même et avec cette terre argentine que j'ai choisie et qui m'accueille. Je sortirai harmonieuse, me sentant intégrée même si mes racines sont lointaines. Je sortirai prête à faire face au monde de la ville.

     

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    La parc, c'est la vie ! / El parque es vida !

    Me gusta ir al parque. Forma parte de mi cotidiano porteño. Antes lo despreciaba. Lo veia como una especie de naturaleza en lata, premasticada para citadinos apurados, una ilusión de " campo ". Pero hoy para mí el parque es vida, es aire clorofilizado, es sombra y frescor en verano, es relajo con fondo sonoro de quilombo urbano.

    Mi lugar de desconexión y de paz. El puesto de observación ideal.
    Es un momento privilegiado para escuchar los pájaros o el viento en las hojas, para apoyarse en la corteza arrugada de un árbol, para sentir en mis piernas desnudas y estiradas las cosquillas de una araña, para saborear el frescor del pasto, con este ligero final agrio, típico de los bosques urbanos. Esto será olor a... pis? Sí, seguramente y a pesar de tener plena consciencia de ello, volveré bajo las ramas de los tipas.


    El sutil exotismo de la naturaleza


    Alzo la mirada buscando la imagen de una hojita mecida por la brisa ligera de la mañana y tomo una gran bocanada de aire. Observar los árboles me conecta con el ritmo de mi propia respiración. Mirar los árboles de mi pueblo en Francia me conecta con mis raíces. Mirar los árboles del Parque Centenario en cambio me conecta con mi propia libertad.

    Con un follaje parecido al de las acacias pero con unas ramas sorprendentemente tortuosas, los tipas tienen una pizca de exotismo – ligera, a penas perceptible – este sútil sabor a algo diferente, que los hacen a la vez cercanos y lejanos. El panorama que contemplo sigue extraño aunque me esté acostumbrando a ello. Todo es tan distinto para mí, incluso en el perímetro reducido de un espacio verde, tan lejos de mis referencias.

    Primero están las plantas genuinamente argentinas y totalmente desconocidas para mí: el palo borracho y su tronco deformado, el ceibo amante de las riberas del río, el ombú orgullo de la pampa. Todos están presentes en el parque. En primavera y verano es un festival de colores: las flores rosas enormes y delicadas del palo borracho, los racimos violetas del jacaranda, las " crestitas " rojas del ceibo. También están las plantas que sí conocía pero con otras proporciones. Los ficus o los gomeros en Francia ornan el interior de las casas, no las veredas, con una altura de un metro, un metro cincuenta como mucho. Acá crecen majestuosos, enormes, como los malvones que trepan como yedra en las fachadas. A veces, me dejo deslumbrar por la exuberancia de la naturaleza y me siento infinitamente agredecida de estar acá.

    El parque es mi único contacto directo con la tierra, la Pachamama, el " origen ".

    Antes de abrir mi libro, o agarrar el lápiz, siempre miro a mi alrededor. Puedo quedarme unos largos minutos así, empapándome del entorno tan verde, sólo son matices de verde: la grama bajo mis pies, los arbustos, el agua del lago color musgo. No está pasando nada relevante, sólo se aprecia el borboteo de la vida misma, y es precisamente lo que busco, en medio de la velocidad de la ciudad. Se escuchan unas cotorras armando lío en su nido ahí arriba o el canto a duo estridente de una pareja de horneros reforzando su amor.


    Oh! pero esta cosa que trepa en mi cuello... que será? Una hormiga! Queeeé, esta cosa enorme que tengo en mi mano, con esta panza marron, es SÓLO una hormiga? Esta vez un simple bichito trepador me recuerda paradojicamente que " todo es más grande en América ". Esta extraña constatación de mis primeros meses queda siempre vigente.

    Ayer llovió. De estas tormentas de verano con espesas cortinas de lluvia que sólo se encuentran acá. El pasto es más barroso y más verde y los zorzales comparten espacio con las cotorras. Una paloma picazuro viene a beber en el charco que se formó. Saqué la cámara muy despacito y me armo de paciencia para hacerle una foto a este movimiento de cabeza tan insólito que tiene. Alguna vez - era una mañana con más silencio que otra - reconocí unos carpinteros paseando timidamente en una canaleta, alejados de los demás. Muy pocas veces, porque es discreto y escuridizo, ví un colibrí libar el nectar de una flor. La fascinación y la emoción ante este momento fugaz quedan intactos.


    La vida del parque, la vida de la gente

    La parc, c'est la vie ! / El parque es vida !


    "Vendo sandwichitos de miga fresquitooos!"
    Una presencia humana cercana me saca de mi contemplación.

    "No, te agradezco"
    Contestan dos amigas cincuentonas que recién se instalaron en el pasto frente a mí. Sentadas en dos reposeras, toman el sol en bikini mientras van charlando de hijos, ex-maridos y cumpleaños según lo que llego a percibir de su conversación.

    El parque es vida, es vida de la gente también.

    Los que llevan su perro de la correa, impacientes y nerviosos, o los que, al contrario, comparten un momento de diversión con él.

    "Rafa Vamos!"

    El perrito va corriendo como un loco, jugueteando con otro mucho más grande, sin hacerle caso a su amo. Se nota que está disfrutando esta libertad : si fuera humano, se le vería una sonrisa de oreja a oreja. Sigue persiguiendo al otro pero de vez en cuando lanza una mirada rápida a su dueño, como una súplica :" Un poquito más por favor ". Nuevo llamado y esta vez los ojos dicen : " Ya voy, ya voy! Doy una vueltita más ". Nada se puede hacer en contra del entusiasmo canino. El juego es lo primero y el hombre tendrá que ser paciente. Unas niñas gritan y tocan el caniche de una señora mayor, que, a raíz de esto, entabla una larga conversación con la madre – imagino no se conocían de nada - Mientras tanto una de las chiquitas, más atrevida que la otra, se rie y da volteretas con el animal.

    Después de un largo rato de lectura, me doy cuenta que algo cambió. El parque ya no parece tan grande : hay más gente a mi alrededor. Allá al fondo, hay clases de tai-chi. El profesor es asiático, mayor que todos sus alumnos pero menos arrugado que ellos. Una familia instaló una manta: la mujer se sentó con su bebé y mira a su marido y a su otro hijo jugar a la pelota. Hay una pareja de enamorados, algún solitario como yo tumbado en el pasto para leer o estudiar, y a lo lejos un grupo de jovenes con pantalones indios de colores llamativos haciendo malabares y acrobacias. Las dos amigas en frente ya comparten unas galletitas y sacaron el maté.

    Lamento no haber traido el mío esta vez. Empiezo a sentir el hambre también, o más bién son ganas de algo dulce, de una golosina.

    Sencillos placeres del cotidiano

    La magia del parque hace que llegará a mí, si tengo la paciencia necesaria. Ya me ofrecieron sandwiches de miga, pasó una chica en bici con pan de queso, y incluso me quisieron vender unos libros de yoga. Antes, mi mente europea, poco acostumbrada a estas cosas informales, desconfiaba. Me resultaba raro ver esta gente transportando pastelitos caseros en una caja de plástico, una cesta, o una nevera de cámping encima de un carrito, lo que fuera.

    Giro la cabeza y ya lo veo. El chico tendrá unos 20 años, está hablando con la familia a mi lado, y lleva un cesto sobre el pecho. Un cartel indica: BROWNIE 15 $. Me apresuro en levantar el brazo para llamar su atención. ¡ No quiero que no se me escape! Lo recibo con una gran sonrisa. Mientras me entrega el preciado pastelito, una muchacha aparece de la nada. " Te compro uno "dice entusiasmada, con la respiración agitada por haber corrido. " Son caseros, están ricos " parece justificarse el chico.  Es tímido pero sus ojos delatan su sorpresa: los compradores llegan a él sin que tenga que hacer nada. Voy quitando el envase del brownie y lo sigo un rato más con la mirada. Será un buen día para él: esta mañana es el primero que vende postre. Degusto el chocolate con el esmero y la dedicación que se merece. En este contexto, sabe mejor que nunca: era exactamente lo que necesitaba y llegó providencialmente. Cuando lo termine, empezaré a empacar mis cosas sin prisas, saboreando el dejo del azucar en la boca, el crujiente del maní y el aroma del cacao.

    Saldré del parque, radiante, empapada de la luz del sol y de la energía de la naturaleza. Una naturaleza tal vez diminuta, tal vez artificial pero que no deja de ser la esencia misma de la vida. Saldré conectada conmigo misma y con esta tierra argentina que elegí y me recibe. Saldré armoniosa, sintiéndome parte de ella aunque mis raíces esten lejos. Saldré agradecida y lista para lidiar con el mundo de la ciudad.

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