• MIGRACIONES: el origen 1/3

     

    CHAPITRE 1 : SUR LE CHEMIN DES ORIGINES

    Aussi étrange que cela puisse paraître, j'aime aller à la Direction Nationale des Migrations. Je dois m'y présenter chaque année, pendant trois ans consécutifs, pour accomplir les démarches m'autorisant à résider dans le pays.

    CAPÍTULO 1 : EL CAMINO DEL ORIGEN

    Aunque parezca mentira, me gusta ir a la Dirección Nacional de Migraciones. Tengo que presentarme cada año durante tres años seguidos para cumplir con el trámite de autorización de residencia en el país.

     

    [ *****NOTA EN CASTELLANO DESPUÉS DE LA NOTA EN FRANCÉS****]

     

     

     

    LES  COULISSES DE LA VILLE

    Pour y accéder, il faut passer par les coulisses de la ville. Le parcours commence dans le quartier de Retiro où se mélangent les réalités les plus disparates: la façade opulente de la gare de train, la tour moderne de l'Hôtel Sheraton, et au fond, les masures d'un bidonville, la villa 31. Le trajet vers la Direction Nationale des Migrations part en face, entre la gare et le grand hôtel, traverse plusieurs voies de chemin de fer et quelques intersections complexes. Il y a beaucoup de feux rouges et peu de temps pour traverser, une pompe à essence et surtout beaucoup beaucoup de circulation. Des autobus, des camions en tout genre, des grands des petits des longs avec des containers de plusieurs tonnes. Ces derniers vont au port. C'est l'activité féroce, implacable, incessante d'une ruche. Klaxons, fumée, grincements de moteur. Dans cette confusion le piéton zigzague entre les voitures. Comme toujours, je suis fascinée par la vitalité de l'endroit. Ce n'est pas le plus beau de Buenos Aires, mais c'est le plus vrai. Ici la grande ville n'essaie pas de paraître ce qu'elle n'est pas et montre la plus grande de ses contradictions : les gratte-ciels luxueux avec vue sur le dénuement le plus extrême du bidonville. Et pour moi, c'est le passage obligé pour résider dans le pays, un espèce de chemin initiatique.

    Je pense à tout cela tandis que je traverse la voie de chemin de fer, d'un train qui ne passe jamais. Il n'y a ni barrières ni signaux ni feux rouges. On ne sait pas si elle est ou non abandonnée. J'esquive la boue sur le trottoir qui ne sait pas non plus s'il veut être trottoir ou non. Dans la fraicheur du matin, l'odeur de la viande grillée me chatouille les narines. Une dame péruvienne vend dans la rue, sur un grill noir usé par le temps, des anticuchos, un spécialité de son pays. Je ne voudrais pas que cette vitalité disparaisse, j'imagine que mon opinion ne sera pas partagée par le camionneur qui vient d'attendre vingt minutes dans les bouchons. Le changement est inévitable pour une ville aussi grande que Buenos Aires, il faut bien améliorer l'accès au port, le moderniser, le rendre digne des grandes capitales du monde. Une solution aseptisée et globalisée fera certainement perdre à cet endroit son essence. D'ailleurs, tandis que j'avance je vois déjà au loin les cônes oranges qui indiquent des travaux. Ils ont commencé. Pour l'instant, ils ne font qu'ajouter à la confusion ambiante. Il n'y a plus de limite précise entre le trottoir et la chaussée. 

     

    LES ETRANGERS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

    Après la dame des brochettes, j'en croise d'autres qui proposent des spécialités du Paraguay, de Colombie, de l'Equateur dans un caddy de supermarché ou un panier. Un garçon porte un panneau "On fait des photos 4x4 " " Rendez-vous Migraciones par Internet ". Pas de doute, j'approche du but. Je laisse sur la gauche au loin l'entrée du port. Je longe maintenant les bâtiments ultra modernes de las Catalinas, de l'autre côté de la voie de chemin de fer. Je traverse la dernière rue, je me rapproche du Rio de la Plata sans que je puisse le voir. Les rues auparavant désertes se peuplent désormais de nombreux passants. Nous allons tous dans la même direction. Certains sont très formels, avec leur serviette sous le bras, d'autres, moins habitués au maniement de dossiers, portent toutes les feuilles dans une simple pochette plastique.

     J'arrive aux bâtiments de la Direction Nationale des Migrations. J'arrive à l'endroit où tout a commencé. Aujourd'hui aux marges de la ville, la Direction Nationale des Migrations se trouve là où l'on recevait les nouveaux arrivants quand ils descendaient du bateau. C'est l'origine de beaucoup de portègnes. a Vierge de la Bonaria, discrète face à la porte, bénit les pas de ceux qui traversent. C'est la patrone des navigateurs, qui a donné son nom à la ville. Au coeur des bâtiments administratifs, se trouve un petit parc. Le silence et la tranquillité des jacarandas, ceibos, palmiers, merles, fourniers forment un fort contraste avec l'extérieur. Là, sous les arbres autochtones, toutes les races du monde sont réunies. J'y croise une asiatique, un homme andin au teint cuivré, un anglosaxon rubicond. Au fond, de l'autre côté du jardin, se dresse l'ancien hôtel des Immigrants, construit au début du XXème siècle. C'est là que je vais. Là dans l'ancien réfectoire, les étrangers issus de pays hors Mercosur* font faire leur démarche.

    Je me sens toujours un peu émue. Les marches des escaliers sont marquées par les pas de milliers d'européens avant moi. Le marbre s'est déformé sous leur passage répété. D'une certaine manière, je me trouve au coeur de la ville, de son histoire récente, et on ne lui donne pas vraiment l'importance qu'il mérite. Combien de portègnes connaissent ce lieu? Là il y a aussi un musée de l'immigration. De l'espoir, des rêves, des souffrances, tout cela amenaient avec eux ces étrangers me raconte un gardien des collections, tandis que je discute avec lui pour passer le temps des lenteurs administratives. Et je songe que pour ceux qui sont en bas dans la file cela doit s'appliquer aussi de nos jours.

     

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     LA TRASTIENDA DE LA CIUDAD

    A pesar de la pesadez administrativa, a mí me gusta ir allá, pasar por la trastienda de la ciudad. Empezar el recorrido en el barrio de Retiro, donde se mezcla todos los mundos: la fachada opulenta de la estación de ferrocarril, la torre altísima del Hotel Sheraton, y al fondo en el sentido opuesto al hotel internacional, las casuchas de la villa 31. Para ir hasta la Dirección Nacional de Migraciones hay que pasar entre la estación y el gran hotel, y después por varias vías de tren y algunas intersecciones complejas. Hay muchos semáforos y poco tiempo para cruzar, una gasolinera y sobretodo mucho mucho tráfico. Autobuses, camiones de todos tipos, grandes chicos largos con containers de varias toneladas. Estos últimos van al puerto. La actividad feroz, implacable, incesante de una colmena. Bocinas, humo, rugido de motor. En ese quilombo el peatón zigzaguea entre los autos. Como siempre quedo fascinada por la vitalidad del lugar. No es el más lindo de Buenos Aires, pero sí el más real, con todas sus contradicciones: el lujo de los rascacielos con vista a la más grande pobreza de la villa miseria. Para mí es el paso obligatorio para residir en el país, una especie de camino iniciático.

     Pienso en eso mientras voy cruzando la vía de tren, de un tren que nunca pasa. No hay barrera ni señales ni semáforos. No se sabe si está abandonada o no. Esquivo el barro por la vereda que tampoco sabe si quiere ser vereda o no. En el frescor de la mañana el olorcito de un anticucho me hace cosquillas en las narinas. Una señora peruana vende comida de su país, acá en la calle, en una plancha negra quemada por el uso. No quisiera que esta vitalidad desaparezca, imagino que no será la opinión del camionero que recién esperó veinte minutos en medio de un atasco. El cambio es inevitable para una ciudad tan grande como Buenos Aires. Se tiene que mejorar el acceso al puerto, modernizarlo, hacerlo digno de las grandes capitales del mundo. Su esencia pronto será borrada por alguna solución aseptizada y globalizada. De hecho, mientras avanzo ya veo a lo lejos los carteles naranjas indicando obras. Ya empezaron a escavar. Añaden caos al caos, ya no hay un limite claro entre vereda y calzada.

     

    EXTRANJEROS DE AYER Y HOY

    Después de la señora de la brochette, me encuentro con otras que proponen en unos canastos especialidades de Paraguay, Ecuador, Venezuela, un chico lleva un cartelito "  te hacemos fotos 4x4 " "sacamos turno de migraciones por Internet". No es necesario preguntar , ya me estoy acercando de la meta. Dejo a la izquierda, a lo lejos, la entrada al puerto, donde se amontonan los camiones y los containers. Ahora sigo los edificios ultra modernos de las Catalinas, del otro lado de la vía de tren. Cruzo la última calle, y me acerco un poco más al Río de la Plata, aunque no lo pueda ver. Por las calles antes desiertas ya vislumbro varios transeuntes. Todos vamos en la misma dirección. Algunos son muy formales con camisa y una carpeta bajo el brazo, otros, menos acostumbrados a manejar documentos, llevan todos los documentos en un simple folio.

    Ya llego al edificio de la Direccion Nacional de Migraciones. Llego donde todo empezó. Este lugar tan abandonado, tan marginal de la ciudad es sin embargo el origen de todo. La Dirección Nacional de Migraciones está donde siempre se recibió a los recién llegados, cuando bajaban del barco. Es el origen de muchos de los porteños.La Virgen de la Bonaria, discreta, frente a la puerta, va bendiciendo los pasos de quienes cruzamos. Es la patrona de los navegantes, la que dió el nombre a la ciudad. En el corazón del complejo, se encuentra un parquecito. El silencio y la paz de los jacarandás, ceibos, palmeras, horneros y zorzales marcan un contraste fuerte con el exterior. Acá bajo las sombras de los árboles autóctonos, todas las razas del mundo están reunidas. Me encuentro con un asático, un hombre andino de tez cobriza, un anglosajón rubio. Al fondo está el antiguo hotel de inmigrantes, construido a principios del siglo XX. Allá voy, allá atienden a los extranjeros No mercosur, en el antiguo comedor.

    Siempre me siento un poco emocionada. Los peldaños de las escaleras están marcados por los pasos de miles de europeos antes de mí. El mármol se deformó de tanto pisar y pisar... De alguna manera, estoy en el corazón de la ciudad, de su historia reciente y pocos le dan la importancia que se merece. ¿ Cuántos porteños conocen este lugar ? Allí, hay también un museo de la Inmigración. Esperanzas, ilusiones, sufrimientos, todo eso traian con ellos aquellos extranjeros, me cuenta el guardia de las colecciones, mientras charlo con él para hacer tiempo.  ¿ Y pienso que para muchos de los que están en la fila allí abajo esto será también verdad hoy día.

     

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  • L'équilibre entre les légumes et le plastique. / El equilibrio entre las verduras y el plástico.

    Elle m'a encore regardé de travers: la vendeuse du primeur va finir par m'avoir dans le collimateur. La vieille dame derrière moi commence à soupirer. La queue est importante. Je viens d'arriver enfin à la caisse après une longue attente. Pendant longtemps chez le marchand de légumes, je me suis laissée aller aux habitudes locales, sans trop y réfléchir. Jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il y a des sujets sur lesquels on ne peut pas négocier.

    Alors non, aujourd'hui, je ne veux pas une autre "bolsita de plástico". L'employée peut me regarder avec cet air de surprise et d'incompréhension que prennent tous les commerçants quand je leur refuse une poche plastique. Comme si je refusais la modernité, comme si je leur disais que je n'ai pas de téléphone. D'ailleurs, en général, ils insistent: Ah non? tu es sûre?  Oui j'en suis sûre. Je croûle sous les sacs plastiques. Chez moi, j'ai un sac à sacs dans chaque pièce. Je les utilise comme sac poubelle comme sac à congélation, je les réutilise au maximum ces foutus sacs plastiques ! Rienn'y fait. Alors cette fois-ci, je suis venue au primeur avec un grand cabas en toile dans lequel j'ai mis en vrac tous les fruits et légumes. Et je les pose sur la balance pour que la caissière les pèse par catégorie: les tomates, les pommes de terre, les carottes.

    Il faut bien reconnaître que ce n'est pas la meilleure solution. La dernière tomate roule sur la balance et glisse sous le comptoir. Deux ou trois pommes de terre aussi. Je finis par oublier une carotte au dernier moment. Je me sens un peu gênée. Il est 19h, l'heure de la cohue et ce n'est vraiment pas le moment pour me livrer ainsi à des expériences en faveur de l'environnement .
    La  voisine continue à persifler.
    - Economisons du plastique, Madame.  Il faut protéger la nature, je lui réponds poliment.
    Pour cette dame qui doit approcher les 80 ans, mon idée doit être complètement farfelue. Elle ronchonne auprès de la vendeuse, cherchant son approbation.

    L'employée me regarde et  incroyablement, elle prend ma défense. 
    " C'est elle qui a raison, on devrait faire plus attention " rétorque-t-elle à la vieille et l'autre hausse les épaules.  Je m'excuse auprès de la vendeuse, je n'avais pas l'intention de lui compliquer son travail. Je lui promets que la prochaine fois, je trouverai une autre méthode. Loin d'être cinglante, sa réponse est des plus aimables:
    - Oui, s'il te plaît mon amour, surtout quand il y a beaucoup de monde comme ça...

    Mon premier essai à contre-courant des habitudes portègnes n'est pas concluant. La semaine suivante j'y reviens à une heure plus calme. La caissière me sourit. Elle est déconcertée par mes idées insolites. Elle doit s'amuser car aujourd'hui je continue les expériences et je n'ai pas réussi à abandonner complètement les sacs plastiques. Mais j'en consomme beaucoup moins, et surtout je n'attire pas les foudres de la vendeuse. Au contraire, elle m'appelle désormais " Mi amor ".

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    Otra vez me miró de reojo. La empleada de la verdulería me va a agarrar manía. La  vieja detrás de mí está suspirando. Hay una cola inmensa y recién llegué a la caja después de una larga espera.

    Hasta ahora en la tienda auto-servicio, seguía las costumbres locales sin pensarlo mucho. Hasta que tomé consciencia que hay temas con los cuales no se puede negociar. Entonces hoy no, no quiero otra bolsita de plástico. La cajera me puede mirar con esta cara de sorpresa y imconprensión que suelen tomar todos cuando rechazo una bolsa de nylon. Parece que les estoy diciendo que no quiero algo muy moderno. Suelen insistir: Ah no? Estás segura? Si, estoy segura. Me invaden las bolsitas de plástico. En mi casa tengo una bolsa para bolsas en cada pieza. Las uso para la basura, las uso para congelar, las uso tanto como pueda... Y eso no basta, no consigo deshacerme de ellas. Entonces esta vez, tomé medidas. Llegué a la verdulería con un gran bolso de téxtil. Fuí metiendo dentro todas las frutas y las verduras. Y ahora las pongo en la balanza para que la cajera las pese categoría por categoría: los tomates, las papas, las zanahorias.

    Tengo que reconocer que ésta no fue mi mejor idea. El último tomate va rondando y se cae debajo de la caja. Dos o tres papas también. Termino olvidándome de una zanahoria en el último momento.
    Estoy un poco avergonzada. Son las 19h, entre semana, hora pico. No era el momento idóneo para empezar experiencias ambientalistas. La vecina  atrás sigue rezongando.
    " Tenemos que bajar el consumo de plástico, Señora. Protegemos la naturaleza." le contesto amablemente.
    Para esta señora que rondará los 80 años, este concepto debe ser completamente insensato. Sigue refunfuñando y busca el apoyo de la cajera.
    La empleada me mira a mí y increiblemente, toma mi defensa.
    " Ella tiene razón, tendríamos que tener más cuidado " reconoce y la otra se encoge de hombros.
    Sin embargo, me disculpo ante la verdulera, no era mi intención complicarle su trabajo. Le prometo que la próxima vez encontraré otro método. La respuesta es amorosa:
    -Si, por favor mi amor, sobretodo cuando hay mucha gente así.

    Mi primer intento ambientalista, a contra corriente de las costumbres porteñas, no es muy concluyente. La semana siguiente, vuelvo allá a una hora más tranquila y la cajera me sonrie. Queda desconcertada por las soluciones insólitas que voy probando y se ríe por que al día de hoy sigo investigando sin lograr dejar del todo las bolsas de plástico. Pero consumo mucho menos, y ella no se enoja conmigo. Al contrario, desde entonces me llama " mi amor ". El justo equilibrio..

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  • Je sors du magasin un peu interloquée. J'essaie de comprendre. Je ne sais pas comment cela s'est produit mais en l'espace de quelques minutes je viens de raconter ma vie à deux inconnues, de leur faire la bise et d'être invitée par l'une d'elle pour le samedi suivant. Rien que ça. La vie en Argentine réserve ce genre de surprises.

    Salgo de la tienda un poco aturdida. Trato de entender. No sé como pasó pero en menos de una hora acabo de contar mi vida a dos desconocidas, les dí dos besos y una de ella me invitó a una fiesta para el sábado siguiente. Ni más ni menos. La vida en Argentina trae este tipo de sorpresa.

    [...VERSION EN CASTELLANO DESPUÉS DE LA NOTA EN FRANCÉS ... ]

    J'étais entrée par pure curiosité, attirée par les robes de la vitrine, au style un peu bohème. La vendeuse, trentenaire, est seule dans le local minuscule. Elle porte le même pull rouge asymétrique que j'ai vu dans la devanture. Tandis que je fouille dans les rayons, dos à l'entrée, les mains plongées dans les tissus, j'entends la porte s'ouvrir. Une voix féminine salue. L'employée  répond aimablement. Moi, je continue le nez dans les robes. Elles sont bien au dessus de mon budget. Peut-être les jupes serait moins chères, voyons voir... Les deux femmes discutent. La nouvelle venue est joaillier et vient présenter son travail, mais ne reçoit pas le succès attendu, ses créations sont onéreuses semble-t-il. Malgré tout, la conversation continue. L'artiste parle de ses bijoux, des émaux qu'elle réalise elle-même, des couleurs, du matériel et l'autre s'intéresse, s'enthousiasme, l'interroge. Les jupes sont au même prix que les robes et décidément, elles ne me plaisent pas.


    "  Je ne viens pas souvent à Buenos Aires"
    J'écoute la discussion sans le vouloir. Je ne peux pas m'empêcher de prêter l'oreille car la bijoutière est de Bariloche, elle vit dans une maison au milieu de la cordillère des Andes. Je ne veux pas être malpolie et feins être occupée. Selon les paramètres de mon éducation française, il n'est pas correct de se mêler de la vie des autres, surtout de personnes totalement inconnues. Ici, s'immiscer dans une conversation n'a pas perçu de la même manière. Au contraire, le fait de rester muette doit me rendre un peu froide et antipathique aux yeux des deux argentines. Je songe à tout cela et je finis par m'approcher d'elles. Je me trouve immédiatement emportée dans un long échange, sur la vie dans les montagnes, la vie dans la grande ville. Nous sommes juste toutes les trois, la porte est verrouillée car c'est presque l'heure de la fermeture. Il est 19h30 et nous avons tout le temps du monde devant nous.
    "Ay que lindo de Francia! Que hacés acá? "
    Les questions classiques auxquelles je suis habituée. Mais je parle des Pyrénées, de yoga, de nature.
    La bijoutière de l'éducation des enfants, de son bébé de 3 mois déjà familier des grands espaces, de l'animation de Buenos Aires qui lui manque un peu quand même. La vendeuse des concerts de musique qu'elle aime voir, elle a un ami qui organise une soirée, samedi, dans un centre culturel. Ça vous dit de venir? Puis en guise d'au-revoir, elle ouvre les bras et nous fait une bise. Une fois dehors l'artisane me tend aussi une joue à laquelle je n'étais pas préparée.


    Je marche dans la rue un peu grisée, accélérant le pas car il est déjà tard. Surprise une fois encore de la fluidité du relationnel dans ce pays. Vivre en Amérique du Sud m'a appris à accueillir la simplicité du moment, comme pour les brownies du parc centenario, à simplifier mes bonnes manières, à modifier mon idée de la politesse, mon idée de distance respectueuse. Ou peut-être ce n'est pas l'Argentine, peut-être c'est moi qui suis plus réceptive à ces petits cadeaux du quotidien. En tous cas, cela m'arrive souvent.

    Le plus mémorable reste un vol Buenos Aires-Rome. Ma voisine était architecte. Portègne, quinquagénaire sexy, cheveux longs, créoles immenses et tintinabulantes, jeans serrés sur des cuisses larges. Nous avons partagé 14h de voyage, le dessert du plateau repas, la deuxième couverture que les hôtesses ne voulaient pas nous donner, ses envies de trouver le grand amour, mes questionnements sur la vie de couple et son expérience en la matière - Mais pourquoi je lui raconte tout ça, là? -  . A la douane de Fiumicino: citoyens UE , citoyens hors UE, nos chemins se sont séparés. Elle m'a pris dans ses bras, nous semblions deux vieilles copines, nous nous souhaitions encore bonne chance d'un geste de la main, de l'autre côté de la barrière.

    Il est de ces moments où l'on s'en va plus légère, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir ce qui vient de nous arriver. Aujourd'hui aussi, je suis tout ébahie et je repars avec ce petit papier dans la poche. L'adresse de la soirée de samedi.

     

     

     
    Había entrado por pura curiosidad, me llamaban la atención los vestidos de la vidriera, su estilo bohemio. La vendedora, una treintiañera de pelo rebelde está sola en el local minúsculo. Lleva el mismo pull over rojo del escaparate. Voy buscando en el perchero, estoy de espalda a la entrada, las manos paseando por los diferentes tejidos y escucho la puerta abrise. Saluda una voz femenina. La empleada contesta muy amablemente. Yo sigo metida entre los vestidos. Están muy caros. Tal vez las polleras sean más baratas, vamos a ver... Las dos mujeres conversan. La recién llegada es joyera y viene a presentar sus creaciones, pero no tiene éxito, parece que sus precios son demasiados altos. A pesar de ello, la charla sigue entre ellas. La artesana habla de las joyas, de los esmaltes que realiza ella misma, de los colores, del material necesesario y la otra se interesa, se entusiasma, le hace preguntas. Las faldas son tan caras como los vestidos, y realmente no son tan lindos.

     

    " No voy mucho a Buenos Aires"
    Escucho la conversación sin querer. No puedo evitarlo. La joyera dice que vive en Bariloche, en una casa en medio de los Andes. No quiero ser mal educada y fingo estar muy concentrada en las prendas. Según los parámetros de mi educación francesa, no es correcto interesarse por la vida de los demás, sobretodo si son perfectos deconocidos. Pero acá, meterse en una charla no se percibe de la misma manera, al contrario. Quizás para estas dos argentinas, soy fría y antipática por quedarme sin hablar. Pienso en todo esto mientras me acerco a ellas. Inmediatamente, estoy invitada en una larga charla sobre la vida en las montañas, la vida en la gran ciudad... Estamos las tres solas, la encargada trabó la puerta con llave por que casí es la hora de cierre. Son las 19h30 y parece que tenemos todo el tiempo del mundo por delante.

    " Ay que lindo de Francia! Que hacés acá? "
    Las clásicas preguntas a las cuales estoy acostumbrada... Termino hablando del Pireneo, de yoga, de naturaleza.
    La joyera de la educación de sus hijos, de su bebé de tres meses ya familiarizado con el aire del campo, de la vida cultural de la capital que le hace falta un poco. La vendedora cuenta los recitales de música que le gustan, un amigo suyo está armando una fiesta en un centro cultural. Quieren ir? A modo de despedida – porque si, en algún momento hubó que despedirse - abre los brazos y nos da dos besos a cada una. Una vez afuera la artista también me acerca la mejilla.


    Camino por la calle un poco deslumbrada y me apresuro por que ya es tarde. Sorprendida una vez más por la facilidad de las relaciones sociales en este país. Vivir en América del Sur me enseña a acoger la sencillez del momento, como los brownies del parque centenario, a simplificar mis modales, a modificar mi idea de buena educación, mi idea de distancia respetuosa. O tal vez no es Argentina, tal vez soy yo, más atenta a estos pequeños regalos del cotidiano. De todos modos, me pasa a menudo.

    Lo más digno de recordar es aquel vuelo Buenos Aires Roma. Mi vecina de asiento era arquitecta. Porteña, cincuenta años, mucho estilo, pelo largo, aros enormes y tintineantes, jeans apretados en sus muslos fuertes. Compartimos las 14h de vuelo, el postre de la comida, la segunda frazada que no nos querían dar las azafatas, sus ganas de encontrar el gran amor, mis preguntas sobre la vida de pareja y su experiencia en el asunto (Che, porqué le estoy contando eso ahora?). En la aduana de Fiumicino: ciudadanos Europeos, ciudadanos no europeos, nuestros caminos se separaron. Ella me abrazó, parecíamos dos viejas amigas y seguíamos deseándonos suerte con un gesto de la mano, del otro lado de la barrera.


    A veces hay momentos en los que te vas más contenta, más ligera, sin saber porqué. Hoy también me siento así, feliz, simplemente feliz, y me voy con este papelito en el bolsillo, el papelito con los datos de la fiesta del sábado.

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