• Des oeufs en chocolat

    A Pâques: des oeufs et des couronnes....

    Dimanche 5 avril 2015, dimanche pascal. Une fois n'est pas coutume, il est grand temps de publier un article d'actualité. Comme les fêtes de Noël, les célébrations de Pâques restent discrètes dans la rue et les magasins à Buenos Aires. Esprit peu festif ou consumérisme modéré? En tous cas, il est agréable de ne pas se sentir poussé à l'achat compulsif. Les rayons de supermarché et certaines vitrines se sont tout de même couverts de magnifiques oeufs en chocolat, emballés dans du papier brillant et tous rivalisant de couleurs. Rose pour les filles, bleu pour les garçons. Un oeuf de Pâques en chocolat est quasiment un produit de luxe ici. J'écoute autour de moi les jeunes pères de famille se plaindre des tarifs élevés de ces gourmandises. A juste titre. Pour le prix d'un oeuf, on remplit un bon petit caddy de courses.

    " Tu en as acheté un pour tes enfants ?

    - Oui, j'ai trouvé une promotion : deux pour le prix d'un avec les princesses de Walt Disney. Mes filles vont adorer ! "

    J'apprends aussi, grâce aux jeunes parents de mon entourage, que la chasse à l'œuf dans le jardin n'est pas d'usage comme c'est le cas en France, et d'autant moins notre très carcassonnaise omelette pascale*...

     

    Le repas familial du dimanche pascal

    A Pâques: des oeufs et des couronnes....

    Par contre, bien évidemment, le repas communautaire est de mise. Et donc tradition collective et origines italiennes obligent, me voici encore une fois invitée à la table de la Grande Famille argentine, à goûter aux petits plats de Lucrecia, la maîtresse de maison. (Le pionnono de Noël, vous vous souvenez ? c'était elle ! ) Pour Pâques cette fois, nous sommes réunis autour d'un riz aux fruits de mer, -ou plutôt devrais-je dire au vu des proportions- de fruits de mer aux riz. Je n'oserai pas l'ériger en règle absolue, mais en regardant autour de moi, je constate que Pâques est l'occasion pour les portègnes de manger du poisson. Fait rarissime à souligner tout de même dans une société qui ne jure que par la viande ! Peut-être faut-il y voir une volonté de respecter la tradition chrétienne de la Semaine Sainte et la substitution de la viande par le poisson. Ou bien l'arrivée de l'automne et l'absence des agneaux du printemps, car ici à cette date, nous nous approchons de l'hiver...

    Bref, toujours est-il qu'à la suite du riz généreux en produits de la mer, quelle n'est pas ma surprise de trouver au dessert une brioche qui ressemble beaucoup à la galette des rois ! La rosca de Pascuas, m'annonce-t-on. On s'excuse. Celle-ci ne respecte pas exactement la tradition: le biscuit doit être orné d'œufs (des vrais) peints et décorés. Aux côtés de quelques friandises en chocolat, la Rosca version maison, avec les fruits confits, ressemble en tout point à la brioche de l'épiphanie (celle méridionale) tandis que la version pâtisserie professionnelle, aux noix et aux amandes est un vrai régal.

     

    Une couronne pour le dessert

    A Pâques: des oeufs et des couronnes....

    Si ce dessert n'est pas courant en France, en revanche il est des plus classiques dans certaines régions d'Espagne et prend le nom de Mona de Pascuas. En Catalogne, la mona est généralement offerte par les parrains et marraines à leur filleul(le). Vous ne serez pas étonnés de tout cela si je vous dis que la plupart des portègnes ont des ancêtres espagnols en plus des incontournables grands-papas italiens.

    A la fin du repas, Lucrecia change les règles. Faute d'œufs géants en chocolat, c'est une couronne de Pâques qui accompagnera chacun des convives à sa maison. Près d'une semaine plus tard, à l'heure où j'écris ces lignes, j'en mange au petit déjeuner et au goûter, et je n'ai pas toujours pas terminé l'irréductible Rosca de Pascuas.

     

    * Pour les non-initiés aux rites audois:

    Autour de Carcassonne, le jour du lundi de Pâques il est coutume de manger une omelette et bien souvent d'aller pique-niquer en famille ou entre amis. C'est en général tout un événement qui demande une organisation préalable. Les Carcassonnais disent " faire l'omelette de Pâques "

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  • Moi qui n'ai jamais vraiment été carnivore, me voilà attablée à un restaurant pour una parrilla de carne, tradition argentine oblige...

    Un soir d'été à Buenos Aires. Envie de viande... Dans le genre steak frites. Finalement je me laisse tenter... une parrilla pour deux. Le mini-grill avec les braises brûlantes est posé sur la table, accompagné du plat de frites dont j'avais tant envie. Le monticule de viande cuit toujours et la graisse sur le feu laisse échapper un crépitement joyeux et inégal.


    " Chut, chut écoute!  es el canto de la carne... "


    LE SUPER POUVOIR DE LA PARRILLA

    Bienvenue en  Argentine! Quand je plante le couteau dans les premières bouchées, je m'attaque en réalité à une institution de la culture gastronomique du pays. Et il s'agit d'un repas en lui-même car la parrilla comprend un assortiment de morceaux qui doivent être mangés dans un ordre bien précis. On commence par les "achuras".

     -Le chinchulín mmmh... c'est mon préféré, m'explique mon initiateur argentin.

     Je souris de son enthousiasme, amusée par ce nom qui m'est inconnu, car inusité en Espagne, et dont la sonorité ne m'inspire que tendresse et affection. Chinchulín... pourrait avoir comme équivalent français disons... chouchoubidou… -Les Argentins auraient-ils développé un attachement  si particulier à leur grillade au point de lui donner des petits noms amoureux?-

     Je me penche sur la fourchette qui me tend le fameux morceau. Cela ressemble à un calamar frit. Mon sourire se transforme alors en une drôle de moue quand je reconnais la forme de la seconde " entrée " . Un ovale sombre comme un gros haricot: serait-ce.... un rein? Le goût est pourtant assez fin et rappelle un peu le foie. Le chinchulín frit est quant à lui un peu gélatineux, mais avec une saveur assez forte et marquée en final de bouche.

    Achuras, chinchulín...  Ah ! Comme la musique d'un nom est un joli emballage pour une réalité bien plus triviale! Laissons le dictionnaire de la Real Academia Española vous annoncer la nouvelle:

    achura.
    (Del quechua achúray 'repartir').
    1. f. Arg., Par. y Ur. Víscera comestible de una res. U. m. en pl.
    chinchulín.
    (Del quechua ch'únchull).
    1. m. Arg., Bol. y Ur. Intestino delgado comestible de ovinos o vacunos.

    Oui, vous l'aurez bien compris, malgré une authenticité indéniable -les origines quechuas le prouvent -  il s'agit ni plus ni moins que des abats, des tripes et des rognons!!!

    -N'y aurait-il pas de la viande plus normale? finis-je par demander timidement, un peu écoeurée par cette forte odeur à tripaille.

    Et je passe donc au "plat de résistance ": les côtes. Non pas coupées dans la longueur mais dans la largeur, ce qui implique un minimum d'os et un maximum de viande. Question saveur rien à dire. L'ensemble est tout de même très gras. Et cette friture crépitante transporte toujours ces relents d'intestins...

    Les frites tant espérées ne font en fait qu'en rajouter davantage. Ici ce n'est pas un steak/frites mais une parrilla/salade que l'on commande et cela se justifie totalement, je le comprends désormais.

    Cependant, cette viande... quelle viande!  La voilà dans toute sa splendeur, dans toute sa saveur, ce n'est pas un beef pour mauviette, c'est un beef pour gauchos, pour l'homme de la Pampa avec toute sa rudesse et sa rusticité. Forte odeur de vache, transpiration des Hommes qui l'ont élevé, herbe des prairies humides buenos-airiennes... Il faut reconnaître aussi que le vin qui l'accompagne magnifie tout cela!

    Et tandis qu'à l'issue de cette expérience, je songe sérieusement à me convertir au végétarisme, je vois le visage déçu de l'Argentin qui m'accompagne. " Tu n'as pas aimé?? tu n'as mangé que les côtelettes et tu as laissé le meilleur... "
    Je me sens penaude de n'avoir pas apprécié... Je n'avais pas été informée de ces détails viscéraux auparavant et j'en déduis que mes papilles n'étaient encore prêtes à tant de remue-ménage. A croire que les Argentins ont un système digestif de fer car ce repas m'a nourri pour les deux jours suivants: impossible d'avaler autre chose! Serait-ce l'un des supers pouvoirs de la parrilla?

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  • Le gagnant est....

    ...le Colibri, l'émeraude splendide

    Le hit parade des oiseaux: le vainqueur et mention spéciale

    Pour terminer ce hit-parade des oiseaux, le plus petit, le plus charmant et le plus tendre de tous ces animaux. Je vous présente le colibri!!!
    Si petit et pourtant si rapide... Seuls ceux qui comme moi ont été fascinés dans leur enfance par les amis de Pocahontas pourront comprendre l'émotion et la tendresse qui m'étreignent quand je réussis à en apercevoir un pour la première fois!! Souvenons-nous que mes premiers pas en terre argentine se déroulent au printemps. Quelques coups d'ailes rapides, que dis-je accélérés, un discret tiiit tiit, et en un clin d'oeil, le voilà déjà disparu!
    -Regarde regarde eh eh...
    Les mots s'étranglent dans ma gorge, pour exprimer à la personne qui m'accompagne que...  oui , tu  l'as vu?... il vient de passer... tu n'as pas fait attention? Mais si, il était là...un... un..
    Je ne sais plus maintenant qui fût l'heureux témoin de cette scène bien peu banale d'émotion européenne, mais je me souviens de ses yeux ronds, de son regard interrogateur, et de ses questions presque inquiètes:
    "- Un quoi? Un quoi? Qu'est ce que tu as vu?
    - Un colibri!!  finis-je par laisser tomber en un souffle."

    Et le regard soucieux se transforme laisse place à un soupir de soulagement. Aaah! Oui, on en voit plein ici. Comme si c'était la chose la plus insignifiante du monde...

    C'est ainsi que  tous les jours à Escobar, j'attends religieusement la venue du colibri. Je me poste et j'observe par la fenêtre les sauges roses qu'il aime tant. Et invariablement à 7h et 11h le matin et à 19h le soir, le voici qui vient me faire une visite express. Et invariablement, je m'attire le sourire de mon amie Georgina qui s'amuse de mon air béat, de cette parenthèse, ce moment de la journée où je célèbre intérieurement les merveilles et les richesses de la Nature.

    Il est si petit... et si vif.. Son plumage est d'un vert brillant, et d'un bleu métallique...
    Il ressemble presque à une abeille, goûte de son bec long et pointu le nectar des fleurs mais point de bourdonnement, tout se résume en un léger claquement tiiit tiit , il n'est que grâce et élégance... et pour cause... on le nomme l'Emeraude splendide!

    Quand je réussis enfin à le prendre en photo, après de très nombreuses tentatives ratées, c'est tout un événement!!!! Je trouve enfin comment expliquer mon enthousiasme aux Argentins:
    " Pour moi un colibri, c'est comme pour toi un pingouin. Tu sais que cet animal existe, tu as vu des photos et des vidéos mais il est très loin de faire partie de ton quotidien et si par hasard il le devient, c'est complètement fou! "
    Or, je comprends ensuite que le picaflor, comme on l'appelle ici, est un américain dans l'âme, un oiseau des plus courants sur ce continent.

    Picaflor Común
    Emeraude splendide
    Chlorostilbon aureoventris

    Le hit parade des oiseaux: le vainqueur et mention spéciale

    Le colibri, mais duquel parle-t-on? Il existe en réalité 330 à 340 espèces différentes (28 d'entre elles se trouvent en Argentine!) réparties de l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu, la zone tropicale étant sa zone de prédilection. 
    En Argentine, le plus commun, c'est l'Emeraude Splendide, un joyau de 7 cm à peine. Dans son nid minuscule, situé à peu de hauteur, il pond deux oeufs, pas plus. Il est attiré principalement par les fleurs rouges ou oranges brillantes et se nourrit du nectar qui lui donne toutes les calories nécessaires pour soutenir son vol de champion. D'ailleurs, il bat tout les records: jusqu'à 80 battements d'aile par seconde, il peut rester suspendu en l'air et même voler à reculons: cas unique chez les oiseaux!

     


    Félicitations du jury pour...

    ...le Zorzal


    Zorzal colorado
    Merle à ventre roux
    Turdus Rufiventris

    Le hit parade des oiseaux: le vainqueur et mention spéciale

     Chant du zorzal:


    Une vingtaine de centimètres, un plastron bien orangé et un corps entre le gris et le marron: son physique est beaucoup moins impressionnant que le colibri, pourtant le Zorzal mérite les félicitations du jury parmi les oiseaux du quotidien argentin. Au printemps, de jour comme de nuit, et surtout aux premières lueurs de l'aube, il nous régale de son chant mélodieux et de ses vocalises. En découvrant son nom en français, le merle à ventre roux, on comprend que c'est une caractéristique qu'il partage avec son cousin européen. Ici, omnivore, le zorzal s'adapte très bien au milieu urbain, où il niche dans le moindre arbre des places et des jardins.
    Je vous offre donc,  pour couronner ce hit-parade des oiseaux argentins, le chant du Zorzal que j'ai pu enregistrer dans les matins portègnes (le bruit de fond urbain en témoigne). Pour plus de chant d'oiseaux, vous pouvez aussi vous rendre sur les articles précédents (en cliquant sur leurs noms) où vous découvrirez la voix du Tero, et de l'Hornero, juste sous leur photo.

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