•  Que mange-t-on en Argentine ? Que mange-t-on à Buenos Aires ? Je voudrais vous montrer un plat bien coloré, bien typique, bien couleur locale, aux ingrédients exotiques et saveurs surprenantes. Je voudrais bien. Cela existe. Mais tout cela serait fort peu honnête, fort peu représentatif de la vie quotidienne et réelle des portègnes.

     Car, au risque d'en décevoir certains c'est en fait la triade italienne qui prime ici. Entendez : pizzas, pâtes, glaces... J'en vois déjà faire la moue. Oui, vous avez bien lu : pizzas, pâtes, glaces. La triade italienne. Non pas au titre de mal bouffe, comme on pourrait l'imaginer nous, mais bien comme un art de vivre. Non pas la vulgaire pizza congelée de supermarché, non pas les pâtes panzani achetées à la va-vite au Carrefour du coin, ni les glaces happées en moins de deux par des enfants gloutons. Mais LA pizza, LES pâtes, LA glace à la crème... Ces trois mets s'écrivent ici avec des lettres majuscules : Pizza, Pâtes, Glace.

     

    La triade italienne

    Prenez la pizza par exemple : ¿que comemos esta noche ? Una pizza. On invite des amis ? Une pizza. Mais ici on ne l'achète pas quand on invite. Quand on mange une pizza , c'est un grand soir. Ici la pizza, on l'élabore. Pizza maison. On fait la pâte, on la pétrit, on la prépare avec amour. (Les rayons de supermarché regorgent d'ingrédients pour sa préparation : farines spéciales, herbes et condiments adaptés, sauces etc..) On y ajoute des ingrédients choisis avec soin : poivrons et jambon, fromage, mozzarella, olives... Un peu de roquette au dernier moment... une sauce spéciale... Et quand la tradition de grand papa italien se mélange à celle bien argentine de la grillade, cela donne la pari pizza ( c'est-à-dire la pizza a la parilla), le comble de la convivialité d'une soirée entre amis ou en famille. Dans les restaurants, bien-sûr, elle tient bonne place et elle prend des noms dans la plus pure tradition italienne : fugazzeta, muzzarella, napolitana... La viande grillée se sert aussi « à la pizza », nous aurons le temps de nous y pencher plus en détail à l'occasion. A Buenos Aires, les pizzerias fleurissent et poussent même le vice à organiser chaque année un concours de la meilleure pizza de Buenos Aires lors d'un événement spécial où chacune présente sa meilleure réalisation.

     

    Viennent ensuite les Pâtes... Oubliez les pâtes Panzani, appelés vulgairement fideos ici, moi je vous parle des Pâtes... de la Pasta !  A Buenos Aires, on trouve un magasin de pâtes fraîches quasiment toutes les 3 rues... Quand le négoce et le savoir-faire de l'ancêtre italien devient florissant, cela devient une chaîne de magasin. On les emballe cérémonieusement dans une boîte en carton, comme celle des pizzas à emporter, on peut acheter la sauce qui leur correspond si on ne veut pas la faire à la maison. Ce sont des lasagnes,  des cannelonis, des raviolis, des gnocchis ( qui ont d'ailleurs leur jour ici, mais gardons un peu de suspens pour les reportages ultérieurs) et d'autres merveilles fourrées d’origine italienne. Les sorrentinos par exemple. Savez-vous à quel délice fait-on référence quand on parle de sorrentinos ? Des espèces de raviolis énormes remplis de jambon et fromage.. un régal pour le palais...

     

     Et puis forcément, il y a les glaces.. Number 3 de la triade italienne. Incontournables, Irremplaçables. Qui n'a pas profité d'un bon gelato lors d'un voyage en Italie ? Et là, il faut bien reconnaître que l'élève, s'il n'a pas dépassé le maître, arrive largement à sa hauteur, si ce n'est plus...  Mais au-delà de la question du goût ( qui, croyez-moi, mérite l'ovation générale ) les glaces en Argentine sont une institution. On va manger une glace entre amis, en amoureux, en famille. On la mange sur place ou on se la fait livrer à domicile. Les glaces sont à l'Argentine ce que les crêpes sont à la France.  Et existe-t-il une ville en France qui ne vendent pas des crêpes ? De la même manière, je pose la question : Existe-t-il une rue à Buenos Aires sans une heladeria  (un glacier)? La réponse est évidente : non. On en trouve à tous les coins de rue. (Ceci dit, comme les rues ici sont longues de plusieurs kilomètres, je ne risque pas grand chose à poser cette affirmation.) A tous les coins de rue donc, un glacier artisanal. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. C'est bien cela qui fait la différence. La glace est artisanale. Tous les goûts, tous les parfums. Les fruités, type sorbet ou à la crème. Les gourmands, à base des gourmandises pour les enfants :  Mantecol, Marroc, Cabsha, ce qui, transposé en France donnerait la glace au Malabar, au Carambar, au Mars, au M&M's, aux Smarties etc... Et puis viennent les grands classiques : le chocolat, et surtout surtout le Grand, l'Unique, l'Irrépétible, l'Incopiable DULCE DE LECHE (là je crois qu'il faudra des articles et des articles à son sujet pour pouvoir vous faire entrevoir l'immensité de la chose. Non, des articles et des articles ne seront pas de trop pour que vous compreniez à quel point le dulce de leche est une grande merveille, une invention argentine des plus réussies. En attendant je vous résumerai sa définition en deux mots : caramel délicieux). Les grands classiques ont aussi leur variantes : chocolat noir, chocolat au lait, aux amandes, aux raisins secs et au rhum, dulce de leche aux noix, et puis quand les deux grands classiques fusionnent cela donne le dulce de leche granizado,  c'est-à-dire dulce de leche avec des morceaux de chocolat.. Chaque maison de glace a ensuite sa version des grands classiques : son chocolat et son dulce de leche.. Les possibilités sont infinies et je défie quiconque de goûter à toutes les saveurs possibles en un séjour limité à Buenos Aires. Bref, en Argentine, les glaces sont tout un poème,  un florilège sucré qui n'en finit pas...

     

    Je vous laisse donc sur cet avant-goût sucré dans la bouche, je vous laisse saliver l'Argentine et son quotidien, avant d'aller plus avant dans les questions gastronomiques.

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  •  Voici les trois incontournables du panorama argentin, les habitants de la Pampa...

    Chajá

    Kachimi à collier

    Chauna torquata

    Le Chajá

    J'ai aperçu cet animal par pur hasard, il se promenait en couple au milieu de l'étang. Je ne savais pas que je venais de faire la connaissance d'un véritable symbole de la Pampa, et que cette rencontre est des plus communes près des lagunes ou autres lieux humides de la moitié nord de l'Argentine mais aussi au Paraguay, en Bolivie etc...

    Il ressemble à une grosse poule mais il est apparenté aux oies et aux cygnes et sa famille est exclusivement originaire d'Amérique du Sud. Nous avons donc là un oiseau bien latino.Un auteur argentin l'a même surnommé « le coq sacré des Pampas ».

    Son nom vient du guaraní qui veut dire « cours !» «fuis ! », car les parents chajá ont l'habitude de lancer un cri puissant pour alerter leurs petits. En français, il répond au doux nom de Kamichi à collier.

     

    Tero

    Vanneau Tero

    Vanellus Chilensis

    Le Tero

    Chant du Tero: 

    Ce n'est pas la première fois que je rencontre un Tero. A dire vrai, c'est même lors de mes premiers jours en Amérique du Sud, au Brésil que j'en ai croisé pour la première fois. Il y en avait partout, qui furetaient, s'approchaient à pas lent et sans la moindre crainte de l'homme ; dans le jardin botanique de Curitiba, je lui ai même dressé un portrait.

    A Escobar, c'est la même chose, ils courent, ils gambadent à plusieurs et n'ont pas peur de s'engager sur la route. Un intrépide celui-là... Ses cris stridents ne passent pas inaperçus. Et si par malheur voilà que Bongo ( le chien de mon amie) nous accompagne, ils deviennent fous, et cherchent même la bagarre. Car voilà, leur nid se trouve au ras du sol et leurs petits n'ont qu'une seule manière de se protéger : se cacher, aidés par leur plumage mimétique. Alors Papa et Maman n'ont qu'une seule solution : effrayer l'ennemi ou attirer son attention dans la direction inverse du nid, en faisant croire qu'il couve. Son nom provient d'ailleurs de son cri « Terou Terou », et il est le gardien de la campagne, car les autres espèces sont ainsi alertées de l'approche des intrus.

    Cet oiseau est très courant dans pratiquement toute l'Argentine, et les pays voisins. Au point qu'il est l'emblème de l'équipe nationale de rugby de l'Uruguay ! qui s'appelle « los Teros ».

     

     

    Hornero

    Fournier Roux

    Furnarius Rufus

    Hornero

    Chant du Hornero:

    Ni plus ni moins Mesdames et Messieurs que le symbole national de l'Argentine !!!!

    Il ne peut manquer à la présentation ! En plus de le voir partout à Escobar, dans le jardin, il construit des nids assez particuliers : des nids en terre qui rappelle la forme d'un four, d'où son nom (horno signifie four en espagnol).

    C'est le couple qui construit ensemble le nid, avec pour seul outil son bec et tout type de matériel : boue, brindilles, crin de cheval... Son nid est divisé en deux par une cloison : il y a une chambre au fond pour les oeufs et une autre pièce prolongeant l'accès. (D'après ce que j'ai lu, je n'ai pas encore été invité à prendre le maté chez eux.)

    C'est le roi de la construction cet oiseau-là : son nid si impressionnant peut être terminé en 6 à 8 jours, si les conditions sont favorables, il pèse 4 à 5kg et se maintient intact plusieurs années, malgré les intempéries. Et bien pensez-vous que le hornero revient pondre ses oeufs dans le nid de l'année passée ? Et bien non, c'est un hyperactif : il en reconstruit un autre (ou plusieurs) chaque année et pousse même le vice à construire le neuf sur le précédent, arrivant au point d'édifier de vrais HLM. Le hornero est le symbole national officiel de l'Argentine, car  travailleur infatigable, il a depuis longtemps attiré l'attention des hommes de la campagne, ainsi que de nombreux auteurs qui le glorifient à travers de textes, poèmes ou chansons folkloriques.

     

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  • Fuiste una india en otra vida" "Tu as dû être une indienne dans une autre vie..."

     Je suis l'objet des railleries bienveillantes de mes amies et décroche malgré eux un sourire d'ignorance aux nouveaux venus à qui je demande quel est le nom de cet animal ou de cette fleur .. J'ai presque gagné le surnom de Pocahontas, c'est dire...

     Il faut reconnaître que j'arrive en Argentine au moment idéal, pour les oiseaux. Et les plantes. Et les fleurs... Le 21 septembre. Le jour du printemps.

    les étangs d'escobar

    A Escobar, les jours clairs, je pars découvrir les environs, toute ouïe, toute vue... les cinq sens à  l'affût, à l'affût du moindre bruit, de la moindre couleur, de la moindre plante ou animal hors de mes références quotidiennes. C'est drôle et ça fait du bien de remuer, de secouer, de retourner tout ce que l'on savait déjà, ou que l'on croyait déjà savoir. On se rend compte tout à coup que ce que l'on pensait être le quotidien, le plus normal au monde pour soi ne l'est pas ici. À des miliers de kilomètres et la tête en bas dans l'hémisphère sud.

    Le moineau?  Bien-sûr il peuple la ville portègne, la grande Buenos Aires, en quantité beaucoup moins importante que d'autres, le tordo, le zorzal... Sans parler du sacro-sain pigeon... Et savez-vous le pire de tout? C'est que notre moineau, gris, vilain, terne et piailleur, a été importé....  La tradition ou la légende raconte même que le général Sarmiento a fait venir quelques exemplaires (ainsi que les platanes) pour que la ville ressemble à Paris! Mais comment veut-on importer un petit piailleur si ingrat, si insignifiant, quand cette terre vous offre en ville un zorzal au chant harmonieux du rossignol? un tordo au plumage noir violacé, bleuté, à l'allure fine et gracile?

     Mais trêve de bavardage, je vous offre donc dans les reportages suivants un modeste tour d'horizon de l'Argentine ornithologique, de mon Argentine ornithologique...de ceux qui font le quotidien , le " plus normal du monde ",  le cadre de références des Argentins... J'ai délibéremment choisi de laisser leur nom en espagnol avec une traduction en français dont je ne suis pas forcemment sûre et aurait fait perdre beaucoup de saveur à la présentation de l'animal...

     Avant de passer aux présentations plus détaillées, voilà un avant-goût, à peine deux ou trois heures d'observation près des étangs, voici quelques espèces que j'ai pu observer et surtout photographier...

     

    LES OISEAUX ARGENTINS... de drôles d'oiseaux!

     

     

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